Au coeur d'allégations de corruption, le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, renonce à ses fonctions pour une période de temps indéterminée, invoquant des problèmes de santé.
L'annonce a été faite lors d'un point de presse donné mercredi soir par le vice-président du comité exécutif de la Ville, Basile Angelopoulos.
M. Angelopoulos a été très bref, mais il a insisté pour dire que la Ville n'était pas en crise.
«Vous comprendrez sûrement que depuis quelques semaines, plusieurs événements ont créé une situation très pénible qui se reflète sur la vie actuelle du maire. Devant tout ça et selon les recommandations de son médecin, M. le maire a décidé de prendre du repos afin de retrouver cette quiétude d'esprit nécessaire pour effectuer une réflexion.»
«Il sera en mesure de vous faire connaître les fruits de cette réflexion prochainement», ajoute un communiqué émis dans les minutes qui ont suivi le bref point de presse.
Le maire Vaillancourt a eu une longue rencontre avec son comité exécutif en matinée pour informer les membres qu'il prenait quelques semaines de repos et de réflexion à la suite des recommandations de son médecin.
«Nous demandons aux médias de respecter cette nécessaire période de repos et de quiétude pour M. le maire», a déclaré le vice-président du comité exécutif devant les journalistes qui le pressaient de questions.
M. Angelopoulos a indiqué que le comité exécutif assurerait le bon fonctionnement de la Ville.
L'UPAC recherche des dizaine de millions
Au cours de la journée, l'Unité permanente anticorruption (UPAC) avait confirmé la tenue de perquisitions dans des institutions financières, dont au moins une à Laval. Selon Radio-Canada, l'UPAC serait à la recherche de dizaines de millions de dollars cachés dans des coffres bancaires appartenant au maire Vaillancourt.
La porte-parole de l'UPAC, Anne-Frédérick Laurence, a précisé que ces interventions s'inscrivent dans le cadre d'une enquête policière déjà en cours et à laquelle participent des policiers de la Sûreté du Québec membres de l'Escouade Marteau.
Maire de Laval depuis 1989, Gilles Vaillancourt a siégé comme conseiller du district Laval-des-Rapides à compter de 1973. Il a succédé au maire Claude U. Lefebvre du Parti du Ralliement Officiel. Il a été président de l'Union des municipalités du Québec de 1995 à 1997. L'homme de 71 ans a été réélu maire en 1997, 2001, 2005 et en 2009 avec une majorité de près de 38 000 voix sur les 97 965 votes enregistrés.
Lors des dernières élections, du 1er novembre 2009, Gilles Vaillancourt a été réélu avec une majorité de 61,29%, devant Lydia Aboulian, candidate à la mairie pour le Mouvement lavallois.
Après le début de nombreuses perquisitions dans certains bureaux de la Ville et à sa résidence le 4 octobre dernier, le maire avait déclaré le lendemain qu'il ne comptait pas démissionner.
«Ce matin, nous assistons à un déferlement d'affirmations, de rumeurs, de demandes. Pour mettre fin immédiatement à ce que l'on entend en ondes, je ne démissionnerai pas et je commenterai pas non plus les rumeurs et les divers commentaires. Je n'ai aucun motif de le faire», avait-il mentionné.
D'autres allégations hantaient le maire de Laval depuis quelques temps.
Le 22 août dernier, Radio-Canada rapportait que Gilles Vaillancourt aurait donné 10 000 $ comptant à un ex-collecteur de fonds du Parti québécois, Claude Vallée, durant la campagne électorale provinciale de 1994; ce qui aurait constitué un financement illégal.
M. Vallée aurait fait une déclaration écrite à l'escouade Marteau de la Sûreté du Québec à l'été 2011, expliquant avoir reçu ces 10 000 $ comptant du maire en pleine campagne provinciale.
Ingénieur et homme d'affaires, Claude Vallée a recueilli de l'argent durant plusieurs années pour le PQ dans la couronne nord de Montréal.
Selon Radio-Canada, M. Vallée avait affirmé avoir remis cet argent à Michel Goyer, alors organisateur péquiste pour le candidat David Cliche dans la circonscription de Vimont à Laval, ce qui viole la loi sur le financement des partis politiques.
M. Vallée n'avait pas nié ou confirmé avoir reçu l'argent du maire Vaillancourt.
Peu après la diffusion du reportage à Radio-Canada, David Cliche avait publié un communiqué pour réfuter catégoriquement ces allégations, qu'il jugeait non fondées.
Pour sa part, le maire Vaillancourt a dit n'avoir jamais donné 10 000 $ à M. Vallée.
En novembre 2010, le député libéral Vincent Auclair et l'ex-ministre péquiste Serge Ménard avaient aussi dénoncé M. Vaillancourt, soutenant qu'il leur avait offert des milliers de dollars dans une enveloppe en pleine campagne.
M. Vaillancourt avait aussi réfuté ces allégations et menacé de poursuivre MM. Ménard et Auclair, qui disaient avoir refusé l'argent. M. Vaillancourt a finalement décidé de ne pas engager de poursuite.
Toujours à Radio-Canada, en 2010, Daniel Lefebvre, ex-associé et ami de Claude Vallée, avait laissé entendre que d'autres personnes, dont M. Vallée, auraient reçu de l'argent comptant du maire de Laval.
Les prochaines élections municipales à Laval doivent avoir lieu le 3 novembre 2013.