La demande pour les produits laitiers est en forte croissance. Voici de quoi encourager les PME du secteur, comme la Laiterie Chalifoux, à s'équiper pour être plus performantes.
Comment une laiterie indépendante peut-elle tirer son épingle du jeu, dans un monde où trois sociétés, Agropur, Parmalat et Saputo, achètent 93 % des 660 millions de litres des producteurs de lait du Québec et qu'elles occupent presque tout l'espace tablette des supermarchés ?
" Par l'innovation et par des produits de niche. On ne battra jamais les géants en faisant les mêmes produits qu'eux et en suivant les mêmes stratégies ", résume Alain Chalifoux, vice-président de la Laiterie Chalifoux.
L'entreprise, qui est l'une des six dernières laiteries régionales du Québec, fabrique des boissons lactées, des yogourts et des fromages sous la marque Riviera.
Les fromages représentent plus de 80 % de son chiffre d'affaires de 35 millions de dollars (M $). Et c'est pour accroître sa productivité dans ce domaine que l'entreprise de Sorel-Tracy a investi un quart de million de dollars dans l'achat d'une machine sophistiquée, avec vision 3D. Cet équipement coupe les meules de fromage par ultrasons, de façon à produire de petits morceaux de taille presque parfaite.
" Les supermarchés veulent des morceaux de fromage à poids fixe et au gramme près, par exemple des paquets de 200 grammes. C'est ce qu'accomplit à grande vitesse cette lame à ultrasons. De plus, cet équipement réduit énormément les risques de contamination croisée, car les bactéries ne s'y accrochent pas facilement. "
Selon M. Chalifoux, cette innovation donne à la Laiterie au moins huit mois d'avance sur ses concurrents. " Ils finiront bien par acheter ce type d'équipement, mais d'ici là, nous aurons le temps de trouver autre chose pour nous différencier ", dit-il.
Lait d'appellation contrôlée
Cette entreprise de quatrième génération n'en est pas à ses premières innovations. Au cours de la dernière année, elle a lancé deux fromages commercialisés en petites quantités, un parmesan vieilli un an et un fromage beurre, le Polichinel, qui ressemble à un Saint-Paulin. " Ces fromages ont des marges bénéficiaires plus élevées que le cheddar ", constate M. Chalifoux.
Il y a deux ans, l'entreprise a fait disparaître les substances laitières modifiées de ses fromages et yogourts. " Le produit final est plus cher, mais de bien meilleure qualité, car les protéines des substances laitières modifiées ne sont pas les mêmes que celles du lait de vache. Elles sont dénaturées. Nous croyons qu'il y a une demande de plus en plus forte pour des produits frais de la nature. "
Le dirigeant de l'entreprise de 150 employés a un autre projet en chantier : un lait d'appellation d'origine contrôlée (AOC). Le lait sera issu des fermes du Bas-Richelieu qui devront suivre un cahier des charges pour en assurer l'uniformité. Le but est de produire un lait de grande qualité pour des consommateurs davantage soucieux du contenu de leur assiette.
" La production laitière européenne est en crise. Les seuls producteurs qui prospèrent oeuvrent dans un cadre d'appellation d'origine contrôlée, mentionne M. Chalifoux. Ceux qui fournissent le lait des fromages parmigiano en sont de bons exemples. Il faut faire la même chose ici. Ce lait AOC pourrait faire obstacle au dumping des fromages trop bon marché pour être vrais et aux substances laitières modifiées en poudre ".