La Caisse de dépôt et placement du Québec a désigné un administrateur au conseil de Montreal, Maine & Atlantic, à la suite d'un investissement qui lui a fait perdre 7 M$. Sa participation de 12,77% n'est plus aujourd'hui évaluée qu'à 1000$.
C'est ce qu'on peut tirer d'un communiqué émis en fin de journée lundi par l'institution.
La Caisse indique qu'en 2003, elle a injecté 7 M$ dans MMA en capital actions et 7,7 M$ sous forme de prêt au moment de sa fondation par Edward Burkhardt. Le prêt a été remboursé dans sa totalité en 2011, lors de la vente d'une partie des actifs.
Depuis 2003, l'institution a un administrateur nommé au conseil, il s'agit d'Yves Bourdon, un ancien gestionnaire du CN. Elle soutient cependant que monsieur Bourdon n'est que nommé par elle, qu'il ne représente pas ses intérêts, mais ceux de l'entreprise.
La valeur du placement de la Caisse laisse entendre que Montréal, Maine & Atlantic a un passif aussi élevé que son actif. Une porte-parole a cependant précisé qu'il s'agissait plutôt de la valeur que la Caisse avait choisi d'attribuer à son investissement.
Un investissement en problème dès le début
Selon des informations obtenues par Les Affaires, la Caisse a participé en 2003 au financement de la reprise de faillite de Bangor & Aroostook Railroad. Avec d'autres acteurs financiers, elle a amené les fonds permettant à Montreal, Maine & Atlantic Raiway (MMA) d'en faire l'acquisition.
Dès lors, les problèmes allaient se présenter. Quelques heures à peine après la signature de la convention d'acquisition, la Great Northern Paper, la plus importante cliente du nouveau transporteur ferroviaire, déclarait faillite. Les usines de Millinocket et East Millinocket représentaient à elles seules 45% de tout le trafic de la société ferroviaire.
Il faudra plusieurs mois avant que la première usine de papier ne revienne en exploitation, et une année additionnelle pour la seconde usine. Jamais les volumes ne reviendront à leur niveau d'avant la transaction.
Les 10 M$ de financement que MM&A s'apprêtait à investir pour relancer les activités ne servirent finalement qu'à éponger les déficits qui allaient suivre, selon ce que confiait en 2010 au magazine Mainebiz, le président Bob Grindrod.
Quelques années plus tard, en 2009, MM&A demandera de pouvoir abandonner 233 milles de chemin de fer, soit près de la moitié du réseau initialement acquis. Le tronçon en problème reliait Millinocket à Madawaska, dans l'État du Maine.
Le président Grindrod indiquait alors que des efforts herculéens avaient été déployés pour tenter de rentabiliser le tronçon. Une réduction de 35% de l'effectif, des baisses de salaires de 15% et un report de 19 M$ d'investissements prévus en entretien.
Inquiètes des impacts économiques que pourrait avoir pareil abandon pour l'économie de l'État, le gouvernement du Maine se portera cependant finalement acquéreur du tronçon pour 20,1 M$ à la fin de 2010. Au même moment, un fonds fédéral octroiera 10,5 M$ US pour permettre d'investir dans l'amélioration du chemin de fer.
C'est à la suite de cette disposition que la Caisse de dépôt semble avoir pu récupérer son prêt.
À lire :
Lac-Mégantic: Mais qui dirige la Montreal, Maine & Atlantic ?
Lac-Mégantic: CN et CP pourraient subir les contrecoups