Les conditions dangereuses durant la nuit ont entravé les efforts des pompiers à la recherche de la quarantaine de personnes portées disparues dans la tragédie à Lac-Mégantic, ont annoncé des responsables lundi. Cinq corps ont été retrouvés jusqu'à maintenant.
Le sergent Benoît Richard, de la Sûreté du Québec, a déclaré lundi matin que les secouristes n'avaient pas mené de recherches durant la nuit parce que la situation était trop dangereuse.
Il a indiqué que seule une petite partie des lieux dévastés par l'incendie avait été inspectée jusqu'à maintenant, les pompiers devant s'assurer que le brasier est bien éteint avant de progresser dans le périmètre de sécurité.
La plupart des personnes portées disparues se trouvaient au bar Musi-Café, situé tout près de la voie ferrée où un convoi de wagons-citernes transportant du pétrole brut a déraillé dans la nuit de samedi, provoquant des explosions et un gigantesque incendie qui a détruit une trentaine de bâtiments.
Les secouristes n'ont pas encore pu inspecter les décombres du Musi-Café, a déclaré le sergent Richard. Les autorités espèrent pouvoir mener des recherches dans certains secteurs du périmètre au cours de la journée de lundi, a-t-il indiqué.
Une représentante du Bureau du coroner a souligné que certains corps pourraient ne jamais être retrouvés à cause de l'intensité des explosions et de l'incendie. Les corps retrouvés jusqu'à maintenant sont si brûlés que leur identification pourrait prendre beaucoup de temps, a déclaré Geneviève Guilbault.
Aucun des cinq corps retrouvés n'a été identifié, a-t-elle précisé. Deux corps ont été transportés à Montréal afin de procéder à leur identification. Les trois autres y seront acheminés prochainement.
Mme Guilbault a de nouveau appelé les proches des disparus à communiquer aux autorités des informations qui pourraient permettre de les identifier, comme des tatouages, un dossier dentaire ou des objets qui pourraient contenir de l'ADN.
Une équipe multidisciplinaire évaluera lundi la possibilité que les résidants du secteur Fatima puissent réintégrer leur domicile, a indiqué Christine Savard, coordonnatrice de l'Organisation régionale de la sécurité civile de l'Estrie.
Elle a demandé à la population de respecter le périmètre d'évacuation et les consignes de sécurité. Mme Savard s'est dite consciente de l'inquiétude et de l'impatience des résidants, mais les a appelés à la patience.
L'environnement
L'environnement
La mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, a déclaré que les réservoirs d'eau potable se remplissaient bien et que la situation s'améliorait. Elle a toutefois demandé aux citoyens d'économiser l'eau.
L'avis d'ébullition de l'eau potable est une procédure préventive standard après le bris d'une conduite et n'a rien à voir avec une possible contamination chimique, a précisé Mélissa Généreux, de l'Agence de la santé et des services sociaux de l'Estrie.
Selon un communiqué publié par le ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, il est possible que de le pétrole déversé dans la rivière Chaudière se rende jusqu'à l'embouchure du fleuve Saint-Laurent en face de Québec.
Devant un tel scénario, « les autorités jugent très probable que ces hydrocarbures seront biodégradés par les micro-organismes, indique le ministère. La présence d'huile ne posera donc aucun risque pour la santé et ne suscitera que des impacts visuels mineurs pour l'environnement au-delà de l'embouchure de la rivière sur le fleuve ».
La qualité de l'air est rétablie dans le secteur Fatima et ne présente pas de risques pour la santé, selon Mme Généreux, de l'Agence de la santé et des services sociaux. De petites anomalies ont été constatées dimanche au centre-ville de Lac-Mégantic, mais la situation s'améliore, a-t-elle dit.
Quant à la qualité des sols, des dépôts de particules provenant de la fumée ont été constatés dans le secteur Fatima, où la situation est très variable d'une rue à l'autre, a-t-elle indiqué.
Le Bureau de la sécurité des transports a indiqué dimanche que le contenu de la « boîte noire » de la locomotive de tête avait été récupéré, ainsi qu'une « boîte noire » auxiliaire dans le dernier wagon.
Un incident survenu auparavant à Nantes, une municipalité voisine de 10 kilomètres de Lac-Mégantic, sera l'une des étapes de l'enquête qui s'amorce pour faire la lumière sur la tragédie.
La société propriétaire du convoi, Montreal, Maine & Atlantic (MMA), a confirmé dimanche qu'un incendie dégageant des étincelles et une fumée opaque avait été éteint sur la locomotive tirant le convoi à Nantes quelques heures seulement avant la tragédie à Lac-Mégantic.
Le moteur de la locomotive aurait ensuite été arrêté, ce qui aurait eu pour effet de provoquer le relâchement de la pression des freins à air. Le convoi, immobilisé sur une voie de service, se serait alors remis à rouler par gravité sur un faux-plat qui l'a mené au centre-ville de Lac-Mégantic.
Un porte-parole de MMA, Joe McGonigle, a déclaré que rien ne laissait croire à un acte criminel ou à un attentat terroriste. Malgré le désastre, il estime que le transport de pétrole par train est sûr. « Peu importe le mode de transport, il va y avoir des incidents. C'est prouvé. C'est un incident malheureux », a déclaré M. McGonigle, vice-président du marketing chez MMA.
Le train transportait du pétrole en provenance du Dakota du Nord et se dirigeait vers une raffinerie du Nouveau-Brunswick. À cause de la capacité limitée des oléoducs au Dakota du Nord et au Canada, les producteurs de pétrole ont de plus en plus recours aux voies ferrées pour transporter le pétrole vers les raffineries.
Le transport de pétrole par train a augmenté de 28 000 pour cent au cours des cinq dernières années au Canada.
L'Association des chemins de fer du Canada a récemment estimé que jusqu'à 140 000 wagons-citernes transportant du pétrole brut devraient circuler sur les rails du pays cette année, comparativement à seulement 500 en 2009.
Le désastre à Lac-Mégantic est le quatrième accident de train impliquant des chargements de pétrole depuis le début de l'année au Canada.