L'Iran et les Etats-Unis ont haussé le ton ces dernières vingt-quatre heures après les menaces de Téhéran de fermer le détroit d'Ormuz, un canal stratégique pour le trafic pétrolier mondial, alors que les navires des deux pays paradent dans la région.
Le général Hassan Salami, numéro deux des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime islamique, a rejeté jeudi les mises en garde des Etats-Unis contre la fermeture du détroit, soulignant que l'Iran agirait avec détermination "pour défendre ses intérêts vitaux".
Ce regain de tension intervient alors que Téhéran a affirmé qu'un porte-avions américain avait traversé le détroit d'Ormuz "depuis le Golfe Persique pour venir en mer d'Oman" dans la zone des manoeuvres navales commencées samedi par Téhéran.
Le détroit, par où transite entre un tiers et 40% du trafic maritime pétrolier mondial, est particulièrement vulnérable en raison de sa faible largeur, 50 km environ, et de sa profondeur, qui n'excède pas soixante mètres.
Outre l'Iran, deuxième producteur de l'Opep, les autres pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, le Koweït, l'Irak, le Qatar et les Emirats arabes unis, exportent une partie de leur pétrole par ce détroit.
Mardi, le vice-président iranien Mohammad Reza Rahimi a affirmé qu'"aucune goutte de pétrole ne transitera(it) par le détroit d'Ormuz" si les pays occidentaux adoptaient des sanctions contre ses exportations pétrolières en raison de son programme nucléaire controversé.
Le lendemain, le commandant de la marine iranienne, l'amiral Habibollah Sayyari, a souligné qu'il était "très facile" pour l'Iran de fermer le détroit, tout en estimant qu'une telle mesure n'était pas nécessaire pour l'instant.
Réagissant à ces menaces, Washington a mis en garde Téhéran mercredi soir, en affirmant qu'"aucune perturbation du trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ne sera tolérée".
Les Etats-Unis maintiennent dans le Golfe une présence navale puissante, avec notamment la Ve flotte, basée à Bahreïn.
Le général Salami a vivement répliqué jeudi aux déclarations américaines: "Lorsque les intérêts vitaux de l'Iran sont menacés, nous répondons à la menace par la menace (en mettant) en oeuvre notre stratégie de défense" sans attendre la "permission" des autres pays, en particulier des Etats-Unis, a-t-il martelé, selon l'agence Fars.
Dans ce contexte tendu, l'amiral Mahmoud Moussavi, porte-parole des manoeuvres navales iraniennes, a affirmé jeudi matin qu'un avion de surveillance avait "identifié un porte-avions américain dans la zone des manoeuvres où sont déployés des navires iraniens et a pris des photos et des films".
La télévision iranienne a diffusé ces images qui montrent d'assez près un porte-avions américain entrant, sans escorte, "en mer d'Oman" depuis le Golfe après avoir transité par le détroit d'Ormuz. Le porte-avions semble être l'USS John C. Stennis, l'un des plus grands bâtiments de guerre de la marine des Etats-Unis.
"Cela montre que la marine iranienne observe et surveille tous les mouvements des forces (étrangères) dans la zone", a souligné l'amiral Moussavi, ajoutant: "Nous conseillons aux forces étrangères non régionales de prendre au sérieux nos avertissements" de ne pas entrer dans la zone des manoeuvres conformément aux règles internationales.
"Si nous constatons que les navires des pays extérieurs à la région ne respectent pas le périmètre de sécurité des manoeuvres, nous agirons contre eux selon les règles internationales", a-t-il ajouté.
L'Iran a commencé samedi dix jours de manoeuvres navales dans la région du détroit d'Ormuz, qui s'étendent sur 2.000 km2, soit les exercices les plus étendus jamais organisés par Téhéran.
Les marchés pétroliers surveillent de près les tensions autour du détroit qui pourraient affecter lourdement les prix du pétrole en cas de conflit ouvert.