Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a affirmé vendredi qu'il pourrait considérer la possibilité de faire grimper les taux d'intérêt si les niveaux d'emprunt des particuliers et des entreprises étaient excessifs au point d'affecter négativement l'économie canadienne.
M. Carney a fait ces commentaires lors d'une allocution prononcée à New York. Il a indiqué que des taux d'intérêt maintenus trop bas pendant trop longtemps pouvaient brouiller le jugement financier des individus et des entreprises, en les incitant à trop s'endetter pour une trop longue période.
Selon M. Carney, les règles adoptées par la banque centrale permettent d'éviter ces problèmes.
Même si la première ligne de défense contre une accumulation de dettes chez les particuliers et les entreprises se trouve dans la réglementation et la supervision des entreprises de crédit, le gouverneur de la Banque du Canada a affirmé que les taux d'intérêt pouvaient aussi être utilisés.
La politique monétaire "a une incidence à grande échelle difficilement évitable sur les marchés financiers et sur le levier des institutions financières", a-t-il expliqué au cours de son allocution.
"À cause d'une telle incidence, ce n'est pas un outil adapté à la correction des déséquilibres propres à certains secteurs, mais elle peut être utile pour résoudre les déséquilibres susceptibles de se répercuter sur l'ensemble de l'économie."
Il a ensuite déclaré que les banques canadiennes étaient en train de consolider leurs finances pour pouvoir s'acquitter plus rapidement que nécessaire de leurs obligations en vertu des accords de Bâle III. De son côté, a-t-il ajouté, le gouvernement fédéral a resserré les règles qui encadrent les prêts hypothécaires pour empêcher les consommateurs d'emprunter des sommes qu'ils seraient ensuite incapables de rembourser.
Plus tôt cette semaine, la Banque du Canada avait déjà émis un sérieux avertissement: avec des dettes hypothécaires de plus en plus élevées, les Canadiens augmentent leur vulnérabilité à un ralentissement du marché de l'habitation. La banque centrale n'a pas évoqué une catastrophe de l'ampleur de celle qui a touché les États-Unis, mais a souligné que le prix des maisons avait augmenté de façon importante dans la dernière décennie, ce qui a exercé une pression à la hausse sur le poids de la dette des particuliers.
La Banque du Canada a calculé qu'une chute de 10 pour cent dans le prix de l'immobilier pourrait entraîner un déclin de consommation d'un pour cent, ce qui freinerait la croissance économique.
Mark Carney a prononcé son discours à la veille d'une rencontre des ministres des Finances et de dirigeants de banques centrales des pays du G20, prévue pour la fin de semaine. Les dignitaires devraient se concentrer sur la promotion de la stabilité financière internationale et sur la croissance économique.
La banque centrale a récemment complété un examen de sa politique monétaire et réaffirmé sa position visant à garder l'inflation le plus près possible de deux pour cent, à l'intérieur de la fourchette d'un à trois pour cent.
M. Carney a fait valoir qu'une approche claire et transparente est nécessaire pour atteindre le niveau d'inflation souhaité.
Pour sa part, la Réserve fédérale des États-Unis estime qu'il est peu probable qu'elle hausse ses taux d'intérêt avant la fin 2014, soit plus d'un an plus tard qu'elle ne l'avait précédemment prévu.
La Fed, qui laisse depuis trois ans son taux directeur à un creux historique près de zéro pour cent, a affirmé agir ainsi pour soutenir la faible mais néanmoins croissante économie américaine.
La banque centrale s'attend à ce que le produit intérieur brut américain affiche une croissance d'entre 2,2 et 2,7 pour cent cette année. Dans ses prévisions de novembre, elle disait attendre pour 2012 une croissance d'entre 2,5 et 2,9 pour cent.