Confrontée à une féroce concurrence internationale, l’industrie québécoise de la mode et du vêtement est condamnée à intégrer les technologies de l’information et des communications (TIC) pour se maintenir à flot.
C’est le constat des chercheurs du Cefrio qui a rendu publique une première enquête d’importance sur l’utilisation des TIC dans cette industrie, à la fois vaste et complexe. Les entreprises de ce domaine fournissent à elles seules 28 000 emplois au Québec et engrangent, bon an, mal an, des revenus de 6,9 milliards (G$).
Pourtant naturellement à l’affût des dernières tendances, il appert que certaines spécialisations de cette industrie tardent à faire preuve de même innovation en matière de gestion de leurs activités. Ce serait le cas en particulier des manufacturiers, à la traîne lorsque comparés aux avancées technologiques des ateliers créateurs, grossistes importateurs et détaillants, tous réunis au sein de cette même grande industrie méconnue qu’est la mode et le vêtement.
«L’inconfort technologique des employés des entreprises manufacturières est manifeste», se désole Geneviève Lefebvre, directrice de projet au Cefrio, un centre voué à la recherche et à l’innovation dans les organisations.
Ce retard est observé à tous les niveaux de ce secteur. Depuis un an, par exemple, ces derniers se sont montrés significativement moins nombreux à introduire ou modifier leurs systèmes de gestion de l’information, l’un des principaux leviers de l’innovation organisationnelle.
«Depuis le début des années 2000, ces manufactures ont connu de grandes difficultés. Ce sont des survivantes, reconnaît Mme Lefebvre. Mais si elles parviennent à s’ouvrir au numérique, elles ont toutes les chances de continuer de survivre.»
Coûts et concurrence
Ce portrait de l’industrie de la mode et du vêtement a été réalisé dans le cadre de PME 2.0, un programme pilote initié par le ministère des Finances et de l’Économie afin de soutenir les entreprises québécoises dans l’adoption de stratégies numériques.
C’est ainsi que d’ici 2015, le Cefrio accompagnera, documentera et diffusera les résultats de projets d’adoption du numérique d’une trentaine de PME, notamment des secteurs de la mode et du vêtement.
C’est d’une seule voix (94,8%) que cette industrie affirme être préoccupée par la hausse des coûts de production. La concurrence internationale sur le marché local et l’impact d’Internet sur le modèle d’affaires sont considérés comme les principaux défis de l’industrie.
Malgré les retards observés dans les manufactures, l’enquête montre l’intérêt certain de cette industrie pour les TIC. La mode et le vêtement se démarquent nettement sur le plan de la commercialisation notamment.
Ces entreprises sont par exemple plus nombreuses que la moyenne à introduire des changements importants au design ou à l’emballage d’un produit, ainsi qu’aux méthodes existantes de vente et de distribution.
Une cartographie des tech
L’enquête conduite vient aussi appuyer le constat selon lequel le commerce en ligne est en progression au Québec depuis quatre ans. De toutes les catégories d’achats en ligne, celle des articles de mode (vêtements, chaussures, bijoux, accessoires) est la plus fréquemment acquise par les cyberacheteurs.
Dans son dernier chapitre, le document de 65 pages rappelle l’importance de planifier ses investissements en TIC, d’avoir une vue d’ensemble du fonctionnement de son entreprise, et d’anticiper les impacts d’une technologie sur toute sa chaîne de valeur.
Pour guider les entreprises souhaitant utiliser le numérique, les auteurs proposent enfin un survol des technologies disponibles dans l’industrie de la mode et du vêtement. Cette cartographie présente trois technologies: le progiciel de gestion intégrée (ERP), les logiciels de gestion du cycle de vie du produit (PLM) et le site transactionnel et autres applications complémentaires.