Québec
Nathalie Normandeau : Madame 100 000 volts
" Le Plan Nord sera la Baie James de la nouvelle génération ", affirme la ministre Nathalie Normandeau. Le développement énergétique, minier, forestier et touristique de 72 % du territoire québécois situé au nord du 49e parallèle " mettra fin au réflexe de se tourner vers le gouvernement pour obtenir du financement. Nous créerons plutôt un modèle d'affaires comprenant le gouvernement, le secteur privé et les collectivités ". La ministre ne manque pas d'ambition : pour la future loi sur les ressources gazières et pétrolières, elle flirte avec l'idée " de remplacer le fonctionnement premier arrivé - premier servi" par un système d'appels d'offres ". Elle compte aussi conclure avec Ottawa l'entente qui permettra à Québec d'émettre pour la première fois des permis d'exploitation gazière et pétrolière dans le Saint-Laurent. Il y a toutefois un hic : l'adhésion de la population. Tous ces dossiers sont hautement inflammables. " Il faudra écouter et savoir faire des compromis ", reconnaît-elle. Pour ceux qui la voient à la place de Jean Charest, voici sa réponse : " Je suis flattée, mais occuper ce poste exige plus d'ambition que je n'en ai. Si j'arrive à ranimer la fierté des Québécois par rapport à leurs ressources naturelles, je serai satisfaite. "
Québec
Pierre Karl Péladeau : Le meilleur et le pire
Un pdg québécois n'aura rarement soulevé autant de passions antagonistes que celui de Quebecor.
Ainsi, lorsqu'il est question de la filiale Vidéotron, on évoque le bon Dr Jekyll. Vidéotron a ramené le concept de service à l'avant-scène dans le secteur des télécoms, attirant du coup les brebis égarées des concurrents. Vidéotron est aussi le p'tit nouveau de la téléphonie mobile qui, à peine trois mois après son arrivée, met du piquant dans le secteur - déjà 41 800 clients. Sans compter son magasin-phare de 4 500 pieds carrés, rue Sainte-Catherine, à Montréal, à faire pâlir d'envie la concurrence. Une percée qui risque fort de se poursuivre en 2011.
Toutefois, Pierre Karl Péladeau est aussi l'inquiétant M. Hyde derrière l'un des plus longs et des plus controversés conflits de travail des 30 dernières années : 253 journalistes en lock out depuis près de 700 jours. Les lockoutés ont leur site et leur journal, Rue Frontenac, tandis que le Journal de Montréal continue d'être publié tous les jours. En 2011, qu'adviendra-t-il de ce conflit ? Verrons-nous une révision de la disposition anti-briseurs de grève du Code du travail qui comprendra les scabs " virtuels ", ceux qui collaborent par Internet ?
Canada
Galen G. Weston : L'épicier vert
Son arrivée à la présidence exécutive du conseil de Loblaw, à 33 ans à peine, a soulevé la controverse. Quatre ans plus tard, l'héritier Weston, surnommé G2, a gagné le respect.
" D'énormes défis attendent Galen G. Weston en 2011, mais il a tout ce qu'il faut pour les relever ", affirme Jean-Claude Dufour, professeur au Département d'économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l'Université Laval.
" Il a su lire le marché ", ajoute Jean-Sébastien Trudel, président de la firme ellipsos, experts-conseils en développement durable. Même si Metro l'a pris de court en offrant des sacs réutilisables deux semaines avant Loblaw, G2 assume pour l'instant le leadership de son secteur, côté développement durable. Le conservera-t-il en 2011 ? " Pour cela, il doit passer d'actions isolées - politique d'achats locaux et d'approvisonnement responsable, bâtiments LEED - à une gestion intégrée, comme le fait Walmart en intervenant non seulement sur le comportement de son entreprise, mais aussi sur celui de ses fournisseurs ", répond M. Trudel.
Cela, dans un contexte financier difficile - une flambée du prix des aliments s'annonce - et face à une vive concurrence : les supercentres Walmart, l'enseigne Price Chopper de Sobey's, Tesco et bientôt l'épicier allemand de rabais Lidl.
M. Weston devra aussi garder un oeil sur l'implantation de la plateforme informatique SAP, " un mégaprojet qui pourrait perturber les achats, la livraison et la chaîne d'approvisonnement ", ainsi que sur la revitalisation de la chaîne Provigo où l'on teste le concept de " magasin urbain ", résume Marie-Ève Savard, analyste pour Investissements Standard Life.
États-Unis
Reed Hastings, de Netflix : Le pdg doué
Chouchou du S&P, le titre de Netflix a gagné 288 % depuis son creux du 28 janvier dernier. De quoi alimenter les espoirs les plus fous. Et 2011 s'annonce fertile en rebondissements. " D'un côté, les dirigeants de Netflix sont plus visionnaires que leurs concurrents, dit Michael Pachter, analyste chez Wedbush Morgan Securities, de Los Angeles. Mais, de l'autre, ces derniers possèdent davantage de ressources. "
Le service de location de films par la poste s'est transformé en service de location de contenu en ligne. Son pdg compte bien changer les règles de son secteur en 2011.
Netflix a atteint 20 millions d'abonnés en faisant le plein chez la moribonde Blockbuster. Pour grimper à 30, puis à 40 millions, et consolider sa place dans la location de contenu en ligne, il faudra gruger chez des adversaires en meilleure santé. HBO, par exemple, ainsi que les sociétés de télécoms, telles Comcast et Verizon. Or, celles-ci ne gardent pas les bras croisés devant le déclin du câble au profit de la télé par Internet : elles se rapprochent du contenu. Comcast, par exemple, a mis la main sur NBC Universal. Sans oublier Apple qui, selon Michael Pachter, pénétrera ce marché plus tôt que tard. Netflix maintiendra-t-elle sa croissance au rythme attendu par le marché ? " Il faudra observer les alliances. J'en vois une possible entre le fournisseur de contenu HBO et le câblodistributeur Comcast, dit Michael Pachter. Il faut aussi s'attendre à ce que le prix d'achat des contenus augmente. Comment cette hausse influera-t-elle sur la rentabilité de Netflix ? " Depuis septembre 2010, Netflix est présente au Canada, question de semer la pagaille de ce côté-ci de la frontière aussi.
Chine
Robin Li : La rock star chinoise des affaires
À peine 32 % des Chinois ont accès à Internet, et Baidu, le moteur de recherche chinois, occupe déjà 80 % du marché. Son avenir s'annonce très payant, et pas seulement en raison du potentiel de croissance en Chine (1,3 milliard d'habitants), mais aussi parce que 2011 marque le début de la croissance internationale : Amérique Latine, Moyen-Orient et Asie du Sud-Est. " Nous visons tous les marchés sur lesquels Google n'a pas prise. Et nous ne répéterons pas son erreur en imposant notre modèle sans comprendre la culture du pays ", souligne Kaiser Kuo, directeur des communications internationales chez Baidu. Le combat Google-Baidu ne date pas d'hier et Google l'a perdu, en 2004 : elle se contente aujourd'hui de 17 % du marché chinois.
Qui est donc Robin Li, l'ingénieur qui a vaincu Google ? " Une version plus jeune de Bill Gates ou plus âgée de Mark Zuckerberg, selon votre préférence ! blague Kaiser Kuo. Mais, pour nous, il est simplement Robin. "
En effet, le deuxième homme le plus riche de la Chine insiste pour que ses 10 000 employés l'appellent Robin. " C'est un vestige de ses origines modestes. Il est né dans la petite ville de Yangquan, là où très peu d'enfants fréquentent l'université ", continue Kaiser Kuo.
Non seulement le jeune Robin y est-il allé, mais il a étudié aux États-Unis pour ensuite travailler à Wall Street puis à Silicon Valley. C'est là qu'il a rencontré les investisseurs qui lui ont fourni le million nécessaire pour démarrer Baidu, en 1999. Aujourd'hui, l'entreprise affiche une capitalisation boursière de 30 milliards de dollars américains (G$ US) et possède 1 G$ US en banque.