Le déficit commercial s'est creusé en août aux Etats-Unis, révélant une baisse des exportations américaines sur fond de recul persistant des importations, ce qui ne présage rien de bon pour l'économie du pays à l'heure où la demande intérieure peine à se renforcer.
Le déficit commercial s'est creusé en août de 4,1% par rapport à juillet, pour s'établir à 44,2 milliards de dollars, son niveau le plus élevé en trois mois, a indiqué jeudi le département du Commerce.
Selon les chiffres officiels, la montée du déficit a été provoquée par une baisse des exportations de biens pour le cinquième mois d'affilée.
En outre, l'excédent traditionnel des Etats-Unis dans le commerce des services s'est réduit en août, où exportations et importations ont atteint des records, mais l'ensemble des importations américaines (biens plus services) a reculé pour le cinquième mois de suite.
Le ministère a relevé que les exportations de matériaux à usage industriel étaient tombées à leur plus bas niveau en un an et demi. Il a noté cependant que les exportations de biens d'équipement avaient atteint en août leur niveau le plus élevé après leur record du mois de mars.
Pour Martin Schwerdtfeger, économiste de TD Financial, les chiffres du ministère "ne sont pas de bon augure pour la croissance économique du troisième trimestre" aux Etats-Unis, dont la première estimation officielle est attendue pour le 26 octobre.
Selon lui, "la faiblesse des importations de biens indique que la consommation et l'investissement" ne progressent toujours que très modérément dans le pays.
Vu "les chiffres médiocres des indices des directeurs des achats" dans un certain nombre de grandes économies développées ou émergentes, le commerce extérieur risque de peser à court terme sur la croissance économique américaine, ajoute-t-il.
Son confrère Michael Wolf, de Moody's Analytics, estime que la baisse des exportations montre que "des économies étrangères faibles sont en train de réduire leur consommation" à tous les niveaux.
Il voit dans l'"exception" des biens d'équipement une "lueur" d'espoir, liée au fait que l'investissement pourrait être globalement en train de se reprendre à l'étranger.
L'Amérique rattrapée par la conjoncture mondiale
"Les flux commerciaux devraient rester faibles encore plusieurs mois" car "la récession en Europe et le ralentissement en Asie" pèseront sur les exportations américaines, estime-t-il.
Nathan Janzen, de RBC Economics, fait remarquer que les exportations ont bénéficié d'un effet de prix et qu'en volume, leur baisse (2,6%) est nettement supérieure à leur recul en valeur (1,0%).
Harm Bandholz, de la banque UniCredit, relève que c'est le deuxième mois d'affilée que la baisse des exportations en termes réels est supérieure à 2,0%, et que cela n'était pas arrivé depuis fin 2008-début 2009.
"Les Etats-Unis ressentent finalement les effets du ralentissement économique mondial", estiment-il.
Plusieurs groupes d'analystes ont d'ailleurs abaissé jeudi leur estimation de la croissance économique américaine du troisième trimestre après la publication des chiffres du ministère. Pour Macroeconomics Advisors, elle ne devrait atteindre que 1,6% (contre 1,3% au printemps). Un peu plus optimiste, Barclays Capital table sur 1,8%.
Vu la très forte progression des exportations de mars à juin, M. Bandholz appelle néanmoins à ne pas "extrapoler" à partir de la faiblesse de juillet-août pour en déduire une tendance à venir.