Une importante société albertaine de génie-conseil s’apprête à débarquer dans la cour des montréalaises Dessau, Génivar et SNC-Lavalin, toutes malmenées pour des histoires de corruption.
Stantec, l’une des plus importantes sociétés de génie au Canada, prépare la mise sur pied à Montréal d’une nouvelle division spécialisée dans les grands travaux du secteur des transports (routes, échangeurs, ponts, rails, etc.)
«Nous rencontrons effectivement beaucoup de monde, a reconnu Robert Murray, directeur technique et porte-parole de Stantec, confirmant d’un même souffle l’intention de l’albertaine de profiter de la conjoncture actuelle pour prendre pied solidement au Québec.
Fondée en 1954, Stantec est active dans plusieurs domaines du génie-conseil. L’entreprise emploie 12 000 personnes en Amérique du Nord, dont 70 dans la province.
Présente à Montréal depuis 2009, Stantec s’y est surtout faite connaître par son expertise dans des domaines comme l’environnement (gestion, conformité, génie). Elle veut maintenant s'y diversifier en faisant davantage valoir son expérience dans le secteur des transports. Elle a notamment participé à la construction du plus long pont au pays (13 km), le pont de la Confédération, reliant le continent à l'île du Prince-Édouard.
La firme compte aller chercher une part du gâteau sur les chantiers routiers, dont le Pont Champlain, l’échangeur Turcot et de l’autoroute Ville-Marie. Elle lorgne également l’implantation de systèmes légers sur rail (SLR), vers l’est de Montréal et d'autres projets sur lesquels elle préfère se montrer discrète.
Depuis quelques semaines, l’entreprise recherche un «directeur de projets senior (sic) en transports» qui aura la responsabilité principale de diriger et de bâtir la nouvelle division en transports dans la métropole. En plus de représenter Stantec auprès des autorités montréalaises, peut-on lire dans l’offre d’emploi diffusée, ce dernier aura la tâche «d’attirer, développer et retenir des employés de grande qualité».
Cette recherche d’ingénieurs survient alors que d'importantes sociétés de génie-conseil du Québec sont scrutées par l'UPAC et sont menacées d'être exclues des marchés publics. La firme Dessau a déjà été écartée et a commencé à faire des mises à pied.
«Nous avons reçu et continuons de recevoir beaucoup d’intérêts des ingénieurs du Québec, a dit M. Murray. À tel point, qu’au rythme où vont les choses, notre équipe initiale d’une dizaine d’ingénieurs sera opérationnelle d’ici la fin de l’été. (…) Ils seront dix au départ, mais attendez-vous à ce que ça ne s’arrête pas là et que le bureau grossisse rapidement à mesure que nous remporterons des contrats.»
Stantec se défend de profiter des difficultés rencontrées actuellement par les firmes de génie du Québec pour s’y tailler une place. Sa croissance dans la province, dit-elle, était prévue de longue date et n’aurait rien à voir avec la crise que traverse l’industrie actuellement.
«Est-ce que ce qui arrive en ce moment peut nous avantager? Peut-être que oui. Mais peut-être aussi que non, répond M. Murray. Mais je peux vous assurer que notre stratégie d’implantation était prévue depuis longtemps et que nous n’avons ni devancé, ni retardé notre venue, en fonction des derniers événements.»
En 2012, Stantec a déclaré des revenus de 1,9 G$ et un bénéfice net de 120 M$. L’action de Stantec a clôturé à 44,40$ vendredi, en hausse de 0,70$ ou de 1,60% à la Bourse de Toronto.
Depuis trois ans, le titre de Stantec a progressé de 19,43$, ou 80, 06%. À titre de comparaison, durant la même période, le titre de Genivar a perdu 9,39%, et celui de SNC-Lavalin a gagné un maigre 0,18%.
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