L’importante société de génie-conseil, Hatch Mott MacDonald, entend profiter du nouveau contexte d’ouverture dans l’attribution des contrats pour accroître considérablement sa participation dans les grands chantiers des secteurs des transports et du génie civil au Québec.
«Nous avons tenté en vain pendant des années de percer ce marché. Nous avons réussi à le faire partout sur la planète, sauf au Québec où nous nous sommes tenus à l'écart. Ici, certaines étaient disons, solidement implantés… Mais ça semble changer, nous ne voulons pas rater l’occasion de nous faire valoir», affirme Nicolas Théberge, vice-président au Québec de la multinationale.
Fondée à Sorel au Québec en 1955, Hatch Mott MacDonald est à peu près inconnue des Québécois comparée aux Genivar, Dessau et SNC-Lavalin, actuellement toutes malmenées pour des histoires de corruption. L'entreprise s'est surtout faite connaître pour ses travaux dans le secteur des mines et métaux, avec des grands de l'industrie comme Alcoa, Alouette, QIT-Fer et Titane et d'autres.
«À la blague, on dit souvent travailler pour la plus grande firme inconnue du Québec», confie son vice-président. Et pour cause, l’entreprise à capital privé compte aujourd’hui 24 000 employés à travers le monde, dont 800 au Québec. À elle seule, l’entreprise occupe sept étages de la Place Ville-Marie, à Montréal.
Mais du nombre, sa division transport ne compte encore qu’une cinquantaine d’ingénieurs. Une chose que HMM veut changer rapidement ; d’ici six mois, la direction a l'intention de doubler la taille de son équipe spécialisée dans ce secteur.
Ce plan de développement survient alors que Dessau, une autre importante société de génie-conseil, s’est récemment vue placée sur la liste noire de l’Autorité des marchés financiers (AMF), la forçant à procéder à d’importantes mises à pied. D’autres entreprises, scrutées par l’UPAC, sont aussi menacées d’être exclues des marchés publics.
«Je ne sais pas si notre démarche est opportuniste, mais la réalité est que l’on se retrouve maintenant avec plus de travail que la capacité que nous avons de bien le réaliser. À cause de cela, on laisse des choses sur la table, chose que je veux changer», affirme Nicolas Théberge.
Au cours des prochaines années, Québec et Ottawa entreprendront pour des miliards de dollars de projets d'infrastructure dans la métropole, dont le remplacement du pont Champlain, la reconstruction de l'autoroute Ville-Marie et le prolongement des trains de l'Agence métropolitaine de transport (AMT) vers l'est.
Il y a deux semaines, une autre importante société de génie-conseil, l’albertaine Stantec, annonçait aussi son intention de venir profiter du contexte changeant actuel suivant les nombreuses mises en accusation de la police et les travaux de la commission Charbonneau, pour accroître sa division transport et ainsi dénicher de nouveaux contrats publics dans le domaine.
Le génie québécois n'est pas à risque
M. Théberge soutient que les choses ont commencé à changer depuis quelques mois. HMM a ainsi obtenu un mandat d’étude sur l’électrification du réseau de l’AMT, et un autre de Québec sur les ponts avec systèmes légers sur rail. «Ce ne sont pas des passes gratuites. Il faut quand même travailler et mériter les mandats avant de les gagner. Mais au moins, des firmes comme la nôtre ont la chance de démontrer ce qu’elles savent faire.»
Comme Stantec, HMM est donc actuellement en recrutement intensif. D’ici la fin de l’année, la division transport de la native de Sorel, devra compter au moins cent personnes et continuer de croître au fur et à mesure de l’obtention de contrats.
De son point de vue, il est faux de prétendre comme certaines firmes sous les projecteurs l’ont laissé entendre ces derniers temps, que les gouvernements sont en train de tuer le génie québécois.
«Cela est farfelu, dit-il. Aucun ingénieur qui veut travailler se retrouvera au chômage (…) L’industrie du génie conseil n’est pas sur le dos, elle ne se limite pas seulement à quatre ou cinq entreprises et est amplement capable de relever tous les défis qu’on voudra bien lui confier.»