Les organismes de bassin versant manquent de moyens pour accomplir leur mission, la caractérisation et le partage de l’or bleu autour d’un même cours d’eau.
C’est le point de vue exprimé par des experts de la question au Forum québécois sur l’eau, organisé par le journal Les Affaires, en collaboration avec Le Devoir et le 98,5 FM.
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Les 40 organismes de bassin versant (OBV) du Québec, organisés autour du fleuve, des lacs et des rivières qui drainent l’eau d’une région donnée, compte sur un budget de 125 000 $ par année. Même le chef du Service de la gestion intégrée de l’eau, au ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, convient que c’est trop peu.
« Non, ce n’est pas suffisant, dit Yvon Maranda. Mais il faut commencer quelque part. »
Avec cet argent, les OBV doivent recenser leur ressource en eau et mesurer les impacts que peuvent avoir les différents acteurs particuliers, industriels et agricoles sur les réserves.
Pour Guy Boucher, jusqu’à récemment vice-président, développement durable à la papetière Domtar, ces sommes sont carrément dérisoires. « 125 000 $, ça n’a aucun sens, dit-il. Dans les papetières, les études d’impact sur un simple terrain coûtent au bas mot 250 000 $ ! »
Le financement adéquat de ces organismes est pourtant essentiel à la protection de la ressource, dit William Cosgrove, président d’Ecoconsult. « Il n’y a rien qui va se passer sans argent », dit-il.
L’avocat en environnement Charles Kazaz, qui représente surtout des entreprises, croit de son côté que les OBV devraient être chapeautés par une régie de l’eau. Ces organisations comprennent tant des écologistes que des industriels et des agriculteurs et fonctionnent par consensus. Cet état de fait risque de bloquer leur action, si les différents acteurs n’arrivent pas à s’entendre.
« Il y a tellement d’intérêts différents impliqués dans le processus, dit Charles Kazaz. Ça prendrait un organisme avec un certain pouvoir d’ordonnance, qui pourrait trancher si les actions d’un OBV stagnent à cause d’un désaccord. »