La rectrice de la TÉLUQ voudrait que les universités québécoises deviennent partenaires pour développer à l'étranger le marché à fort potentiel de la formation à distance en français, professionnelle et universitaire.
N'ayant jamais exploité de colonies, le Québec jouirait d'un avantage en Afrique. Et il y a autant de francophones et de francophiles aux États-Unis qu'au Québec. Notre culture nord-américaine représente également un atout. En outre, la firme de recherche en marketing Nielsen affirme que le français est la deuxième langue la plus enseignée dans le monde.
«Mais ce ne sera pas facile, parce que les universités sont en forte concurrence», explique Ginette Legault, ancienne doyenne de l'école de gestion ESG UQAM.
La TÉLUQ a été créée il y a 42 ans avec la mission d'offrir de la formation à distance. Jusqu'en 2005, elle a été une constituante de l'Université du Québec. Cette année-là, elle a été rattachée à l'UQAM. Mais, comme dit Mme Legault, «le mariage n'a jamais été consommé. L'UQAM était trop absorbée par la gestion de la crise de l'îlot Voyageur». En 2012, la TÉLUQ a donc obtenu son indépendance de l'UQAM, mais est demeurée dans le giron de l'Université du Québec.La flexibilité
Nés avec une tablette dans les mains, les jeunes d'aujourd'hui sont plus à l'aise avec la formation sur le Web que leurs parents. Les plus importantes universités du Québec font également ce constat, puisqu'elles se sont déjà lancées chacune de leur côté dans l'aventure.
Le gros avantage de la formation à distance, c'est bien sûr la flexibilité : les étudiants peuvent commencer leurs cours quand ils veulent, sans avoir à se déplacer. Mais attention ; une fois le «compteur» en marche, il y a un temps limite pour terminer la formation. La formation à distance n'est pas un divertissement : elle demande beaucoup de discipline. À preuve, le taux de réussite qui tourne autour de 25 %.
De son mariage avec l'UQAM, la TÉLUQ en est sortie le portrait amoché. C'est pourquoi Mme Legault, 58 ans, s'est donné pour mission de refaire son image, depuis son arrivée en poste en juin 2013. Le nom TÉLUQ changera d'ailleurs bientôt. «On avait besoin d'un lifting», confie la rectrice.Pleine de projets
Avec ou sans partenariat avec d'autres universités, la TÉLUQ fourmille de projets. L'université à distance vient de lancer deux cours en ligne ouverts et massifs, Introduction à l'histoire politique du Québec et Conciliation travail-famille : défis et solutions.
Très populaires aux États-Unis, les MOOCs (Massive Open Online Courses) sont une stratégie d'attraction des étudiants. Les cinq ou six premières séances sont gratuites et créditées à l'étudiant s'il s'inscrit aux 15 séances, moyennant des frais. Mais le taux d'abandon est élevé. «On va voir ce que cela va donner ici», précise Mme Legault.
La TÉLUQ a aussi créé le printemps dernier un Service aux organisations dans le but de mieux servir les entreprises, ordres professionnels et autres en matière de formation continue ou sur mesure.
L'université souhaite aussi augmenter son offre aux 2e et 3e cycles et son effort en recherche et développement.
La TÉLUQ en résumé
20 000 étudiants
64 % ont moins de 34 ans
71% sont des femmes
50% sont sur le marché du travail
30% sont inscrits à une autre université
68 professeurs
600 employés, dont le quart à temps plein
200 tuteurs (1er cycle) et chargés d'encadrement (2e cycle)
400 cours et 75 programmes offerts
50 M$ de budget