La chute du prix des fertilisants n’a rien d’inquiétant pour le projet d’usine d’urée à Bécancour. C’est du moins l’avis du président de Pacific Gateway Energy, l’un des trois actionnaires du promoteur de l’installation, IFFCO Canada ltée.
«Il y a des corrélations entre le prix de la potasse et celui des fertilisants azotés [comme l’urée], mais elles sont très faibles, assure Mark Kiddel, pdg de l’entreprise de Vancouver, en entrevue avec LesAffaires.com. Est-ce que ça peut avoir des effets à court terme? Bien sûr. Mais notre projet ne sera pas en pleine production avant 2017. Il y aura beaucoup de hauts et de bas dans le prix des fertilisants et de l’urée d’ici là.»
Il convient qu’en ce moment, le prix de l’urée est plutôt bas, à 321 $ la tonne. «Mais dans six mois, ce sera peut-être 600 $ la tonne… C’est une denrée dont le prix est très volatil.»
Il ajoute que les agriculteurs ne font pas exactement le même usage de l’urée et de la potasse. «Ce sont des marchés séparés», assure l’homme d’affaires.
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Mark Kiddel se dit plus inquiet de la douzaine de nouvelles usines d’engrais azotés flambant neuves qui seront ouvertes dans les cinq prochaines années en Amérique du Nord, grâce au prix très bas du gaz naturel. «Pour moi, c’est une plus grande préoccupation que ce qui se passe avec la potasse en Russie.»
Mais il rappelle que le continent souffre d’«un déficit de cinq millions de tonnes d’azote».
Avec Pacific Gateway Energy, l’Indian Farmers Fertiliser Cooperative (IFFCO) et la Coop fédérée ont formé IFFCO Canada pour construire à Bécancour une usine d’urée de 1,2 G$. Québec a aussi annoncé une aide financière par le biais d’Investissement Québec.
Arianne Phosphate en baisse
Le retrait du géant russe Uralkali du cartel de commercialisation de la potasse a aussi eu des conséquences au Saguenay. La chute du prix des fertilisants qui s’est ensuivie a provoqué une baisse de 3,6 % du titre d’Arianne Phosphate mardi. La société compte construire au Saguenay une mine de phosphate.
En début de journée, le titre était en baisse de plus de 8 % à la Bourse de croissance.
«Toutes les actions des fabricants de fertilisants subissent un contrecoup, dit Jim Cowley, président d’Arianne Phosphate, joint par LesAffaires.com. Ça apporte un changement significatif dans la façon dont les prix de la potasse et des autres fertilisants sont déterminés.»
Si le prix de cette ressource descend, «peut-être que ça affectera les profits des compagnies de fertilisants», donc leur capacité à investir dans une usine de potassium comme celle qu’Arianne veut ériger. Mais pour lui, l’impact sera mineur.