L'accord validé in extremis par le Congrès des Etats-Unis mardi soir permet à l'économie américaine d'éviter de percuter le "mur budgétaire" de plein fouet mais devrait contribuer à ralentir la croissance.
De l'avis de plusieurs économistes, cet accord, qui va se traduire par une augmentation du taux d'imposition pour les ménages les plus riches et une hausse des cotisations sociales salariales, devrait réduire fortement la propension des Américains à consommer en 2013.
De plus l'adoption d'un plan de réduction des dépenses publiques a été remise à plus tard. L'incertitude qui en découle et la mise en oeuvre, à terme, de ce plan devraient également avoir des effets négatifs sur le taux de croissance.
L'accord de mardi "allège le boulet budgétaire accroché à l'économie mais ne l'élimine pas", résume l'agence de notation Moody's Investors Service. En l'absence d'accord, les impôts auraient augmenté fortement pour tous les ménages et de violentes baisses des dépenses de l'Etat seraient entrées en vigueur.
Selon la plupart des estimations, le produit intérieur brut des Etats-Unis devrait progresser moins rapidement en 2013 qu'en 2012, et la croissance de l'emploi rester par conséquent faible.
Le cabinet IHS Global Insight prévoit "une croissance d'à peu près 1,7%", pour 2013, après vraisemblablement quelque 2,0% en 2012, a indiqué un de ses économistes, Gregory Daco.
C'est faible et nettement inférieur au potentiel de l'économie nationale, mais, estime M. Daco, cela reste toujours mieux que ce qui serait survenu en l'absence d'accord: dans ce cas-là, "nous serions retombés en récession".
Du point de vue économique, l'effet le plus important de l'accord de mardi découle du retour des cotisations sociales salariales servant à financer l'assurance-retraite à leur niveau normal (6,2%). Celles-ci avaient été abaissées à 4,2% en 2011 et 2012 afin de relancer l'économie.
Pour M. Daco, cela devrait réduire la consommation de 113 milliards de dollars. "C'est cette mesure qui touchera le plus de monde", a-t-il dit à l'AFP, estimant que cela devrait amputer le taux de croissance économique du pays de 0,4 point de pourcentage en 2013.
Par comparaison, estime-t-il, la hausse du taux d'imposition des Américains gagnant plus de 400 000 dollars par an, de 35 à 39,6%, ne devrait avoir qu'un effet assez faible, ajoute-t-il. "Pour eux, un dollar, ça n'est pas la même chose qu'un dollar pour quelqu'un qui gagne 50 000 dollars" par an.
Alors que le Fonds monétaire international (FMI) appelle à l'adoption rapide d'un "plan complet" d'assainissement des finances publiques américaines, Mark Zandi, économiste de Moody's Analytics, estime de son côté que les augmentations d'impôts et les baisses des dépenses publiques qui devront être décidées ralentiront nettement la création d'emplois et l'économie par rapport à ce qui aurait pu advenir en cas de maintien des taux d'imposition et des dépenses à leur niveau de 2012.
"La conséquence, dit-il, est que l'économie américaine ne progressera que d'un peu plus de 2% en 2013, à peu près autant qu'en 2012".
Pour son confrère Gregory Michael, de BMO Marchés des capitaux, la croissance sera réduite de 1,4% par rapport à ce qu'elle aurait pu être, pour un tiers à cause de la hausse des cotisations sociales à la charge des salariés.
De façon générale, les économistes s'accordent pour dire qu'en dépit de l'accord, le fort climat d'incertitude entourant l'évolution de la politique budgétaire et fiscale du pays inquiète toujours les entreprises. Celles-ci pourraient donc mettre en sommeil leurs projets d'embauches et d'investissements comme elles l'ont fait en 2012.
Pour M. Daco, "les entreprises manquent encore nettement de confiance".