La Coalition Avenir Québec (CAQ) a ébranlé le Parti libéral (PLQ) et le Parti québécois (PQ) lors d’un débat électoral tenu ce matin sur les grands enjeux du développement de la métropole.
Accusant ses opposants à répétition d’avoir «abandonné Montréal», l'homme d'affaires Stéphane Le Boyonnec, candidat dans la circonscription de La Prairie, a défendu les projets de la CAQ de réduction du nombre d’élus sur l’île de Montréal, de l’abolition de l’Agence métropolitaine des transports (AMT) et du plafonnement du nombre d’immigrants.
«Vous avez voulu avoir les deux mains sur le volant. Malheureusement, comme dans la publicité (de la SAAQ), vous vous êtes endormis», a-t-il lancé à un ministre des Transports, Pierre Moreau, sur la défensive pendant les quelque 90 minutes qu’auront duré ce débat électoral, organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
Le PQ était pour sa part représenté par Diane De Courcy, actuelle présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), devenue candidate dans la circonscription montréalaise de Crémazie, jusque-là représentée par Lisette Lapointe.
La Chambre de commerce a invité les trois partis à exprimer leur stratégie sur quatre enjeux de la métropole, soit l’amélioration de son environnement d’affaires, la modernisation du réseau transport en commun, l’accroissement du bassin de main-d’œuvre qualifiée et le règlement du problème de surgouvernance de la métropole.
«Le taux de chômage de l'agglomération de Montréal est actuellement de 3 points de pourcentage plus élevé qu'ailleurs au Québec. C'est une situation pour le moins préoccupante pour une métropole dont dépend 50 % de l'économie du Québec », a rappelé en ouverture de débat, Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM.
Sur le dernier enjeu de l’organisation politique, deux des trois partis représentés auront déçu la Chambre qui espéraient un engagement ferme de régler le «problème de surgouvernance qui afflige Montréal».
Alors que la CAQ a milité en faveur d’une plus grande concentration des pouvoirs de décision vers le centre de Montréal et l’établissement pour Montréal d’un nouveau pacte fiscal, le PLQ et le PQ ont tour à tour rejeté l’idée de modifier la structure de gouvernance actuelle de la métropole
Pierre Moreau a vanté le statu quo. «Nous respectons et faisons confiance aux élus municipaux», a-t-il dit, alors que Mme De Courcy, du PQ, a dit préféré travailler «sur les consensus», plutôt que sur la réduction du nombre d’élus et d’arrondissements. Par contre, elle a annoncé qu'une fois au pouvoir, le Parti québécois créerait un ministère de la Métropole «afin de cesser d'affaiblir Montréal en continuant de travailler en silot comme on le fait actuellement». Une annonce surprise qui a été accueillie avec enchantement par le président de la Chambre, Michel Leblanc.
Soutenant que Montréal souffre d'une structure qu'il qualifie de «dysfonctionnelle», résultat du mouvement de défusion autorisé par le gouvernement libéral de Jean Charest, Stéphane Le Bouyonnec a souligné le fait que New York (8,2 M d'habitants) et Toronto (2,6M), comptent chacune deux fois moins d'élus (51 pour New York et 40 pour Toronto) que Montréal, qui en compte une centaine. «Il faut changer cela, ça ne marche pas. Chez nous, on reconnaît que Montréal doit être le moteur économique du Québec», a-t-il dit.
Le représentant du PLQ a accusé le candidat de la CAQ de «vivre sur une autre planète» et de se nourir de «pensée magique», en particulier sur la question de la création d'une nouvelle agence de transport, laquelle naîtrait de la fusion des forces de l'AMT et du ministère des Transports (MTQ). «Une seule station de métro coûte 225M$, a-t-il précisé, laissant entendre que la CAQ entretenait une vision tronquée de la réalité.
Une accustaion qui n'a guère intimidé M. Le Bouyonnec: «À notre avis, le gouvernement libéral a abandonné Montréal. On l'a vu dans le dossier du CHUM, dans le dossier d'Aveos, dans le dossier Turcot, dans l'abondon du centre Loto-Québec avec le Cirque du Solei; on l'a vu aussi dans le dossier de la crise étudiante qui a donné une mauvaise image à Montréal sur la scène internationale».