N’en déplaise aux adeptes du libre marché, le gouvernement doit continuer à intervenir dans le secteur agricole, a plaidé Denis Richard, le président de la Coop fédérée, devant les membres du Cercle canadien de Montréal.
La production du lait, de la volaille et des œufs sont protégés par la gestion de l’offre au Canada, qui assure une stabilité des prix. Selon M. Richard, ces politiques ont été adoptées pour mettre fin à une «volatilité chaotique» des prix à la fin des années 1960.
« La volatilité s’expliquait, et s’explique encore aujourd’hui, par des réalités économiques, qui sont propres à l’agriculture, amplifiée par un contexte favorable à la spéculation outrancière», a défendu M. Richard.
M. Richard se porte à la défense du système de la gestion de l’offre tandis que cette politique est remise en question au moment où le Canada souhaite participer à la création d’une zone de libre-échange dans la région Asie-Pacifique
Cet été, le gouvernement a officiellement joint les négociateurs, soit les membres du Partenariat transpacifique (PTP). Les politiques de gestion de l’offre ont cependant ralenti l’inclusion du Canada dans le rang des négociateurs participants. Le premier ministre Stephen Harper a promis de ne pas remettre en cause cette politique.
Malgré cette promesse, la possibilité de voir cette politique abolie a fait couler beaucoup d’encre tant du côté de ses défenseurs que de ses détracteurs.
Il y a deux mois, l’Institut économique de Montréal a affirmé que cette politique coûtait 3,9 G$ aux Canadiens. Le think tank promarché pointe du doigt l’absence de concurrence qui décourage les agriculteurs d’améliorer leur productivité.
M. Richard, pour sa part, estime que la gestion de l’offre protège les consommateurs d’une hausse subite des prix en raison de la spéculation et de la volatilité des prix.
Le président de la Coop fédérée croit qu’il est possible de conclure des accords de libre-échange sans concession sur la gestion de l’offre. «Nous l’avons fait à 11 reprises, a-t-il défendu. On voit que la gestion de l’offre et le libre-échange sont compatibles. »
D’ailleurs, la gestion de l’offre ne serait pas remise en cause dans les discussions en vue de signer un accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, selon les commentaires officiels.
Deux fois plus grande que Facebook
En pleine semaine de la coopérative, et une semaine après le Sommet international de la coopérative de Québec, M. Richard a profité de sa tribune pour vanter les mérites du modèle coopératif. Le principal intéressé se dit surpris que les entrepreneurs qui adhèrent à ce modèle ne soient pas considérés comme des gens d’affaires.
Pourtant, les entreprises coopératives ne font pas « vœux de pauvreté ». « À 8,5 G$, nous avons des revenus deux fois plus importants de Facebook », a commenté M. Richard, provoquant le rire des membres de l’audience.