Alors que le spectre d'une loi spéciale continue de se préciser, les parties patronales et syndicales ont convenu jeudi de retourner à la table de négociations afin de trouver une issue au conflit qui paralyse depuis lundi le secteur de la construction.
La reprise des pourparlers a été décidée alors que la première ministre Pauline Marois a esquissé un ultimatum, exprimant le souhait que les travailleurs reprennent leurs activités en début de semaine prochaine.
Les représentants des groupes syndicaux et patronaux se sont succédé jeudi lors de rencontres avec la ministre du Travail, Agnès Maltais, à Québec, qui souhaitait ainsi relancer les pourparlers.
Par la suite, le porte-parole de l'Alliance syndicale, Yves Ouellet, a déclaré qu'après quatre jours de grève, observés par les 175 000 travailleurs
à travers le Québec, le temps commence à presser pour éviter que le gouvernement impose un règlement.
« Il faut que ça débloque, a-t-il dit aux journalistes. Une grève, il faut que ça se règle par règlement, que ça se règle par une négociation. (...) On s'en va là avec ouverture, on a des choses à proposer. »
Après avoir exposé la semaine dernière les désaccords des deux parties concernant la modification des horaires, les salaires et la mobilité des travailleurs, M. Ouellet a refusé de s'avancer sur le sujet, jeudi.
« On s'est engagé à garder toutes ces clauses, les choses qui touchent à ça, confidentielles, justement pour s'assurer que ces tables-là aillent bien, a-t-il dit. (...) Je ne veux pas qu'on fasse une négociation sur la place publique. »
M. Ouellet a expliqué que Mme Maltais avait demandé d'éviter de discuter des points litigieux en public.
Le débrayage se poursuivra pendant que les négociateurs des deux parties discutent en vue d'une entente, a indiqué M. Ouellet en s'adressant aux travailleurs syndiqués.
« Pendant que vous êtes en grève, vos négociateurs vont tout faire pour que ce conflit là en arrive à une entente », a-t-il dit.
Rencontrant la presse à son tour, Mme Maltais a exprimé sa satisfaction devant la reprise des discussions.
« Je remercie les présidents des associations patronales et syndicales qui ont accepté de répondre à l'appel des conciliateurs et de se rasseoir à la table de négociations, a-t-elle dit. Maintenant, laissons-les travailler. »
Sans préciser combien de temps le gouvernement est prêt à donner aux syndicats et patrons avant le recours à une loi spéciale, Mme Marois a déclaré jeudi matin qu'elle s'attend à un retour au travail en début de semaine prochaine.
« Je ne veux pas me mettre de délai mais je peux vous dire qu'on ne va pas accepter que la situation dure longtemps », a-t-elle dit lors d'une entrevue à une station de radio montréalaise.
Mme Marois a invité les parties syndicale et patronale à s'entendre rapidement, d'ici « quelques jours ». La première ministre a rappelé que son gouvernement souhaite un règlement du conflit sans qu'il doive recourir à une loi spéciale.
Mme Marois a affirmé, sur les ondes de la station 98,5 FM, que Mme Maltais pressera les parties de s'entendre rapidement.
« Agnès Maltais, la ministre du Travail, les rencontre ce matin et leur demande expressément de revenir à la table de négociations et de négocier avec diligence pour qu'au début de la semaine prochaine on puisse les voir retourner au travail et qu'on ait une entente », a-t-elle dit.
Selon Mme Marois, les parties sont près d'une entente même si « deux ou trois éléments majeurs » doivent encore être réglés.
La première ministre s'est montrée disposée à s'impliquer elle aussi dans le dossier si aucun progrès n'est constaté prochainement.
À Québec, en se rendant à la rencontre avec Mme Maltais, le président du Conseil provincial (International), Gérard Cyr, a indiqué qu'il souhaite éviter une loi spéciale qui forcerait le retour au travail.
« Je crois que c'est sérieux, j'espère qu'on n'en arrivera pas là, a dit le syndicaliste. Une loi spéciale ça ne fait pas l'affaire de personne, ni à la partie syndicale, ni à la partie patronale et bien souvent les travailleurs y perdent aussi. »
M. Cyr a affirmé que les syndicats ont déjà accepté beaucoup de concessions lors des négociations.
« On a déjà concédé pas mal », a-t-il dit.
Le Conseil provincial est l'un des cinq syndicats regroupés sous la bannière de l'Alliance syndicale, conviés jeudi après-midi à une rencontre avec Mme Maltais.
Ils ont été précédés en matinée par les représentants des quatre associations patronales.
« On est en mode solution », a dit Jean Pouliot de l'Association de la construction du Québec (ACQ) avant de se rendre au rendez-vous fixé par la ministre.
Au terme de la rencontre, une heure plus tard, Michel Giroux, président de l'Association des constructeurs de routes et de grands travaux (ACRGTQ), a expliqué qu'ils réservaient leurs commentaires.
« On n'émettra aucun commentaire par respect pour la rencontre qui aura lieu cet après-midi entre Mme Maltais et les gens de l'Alliance syndicale », a-t-il dit.