Holcim met son projet d'investissements en suspens à Joliette étant donné l'instabilité économique que pourrait occasionner l'ouverture de la nouvelle usine Port-Daniel-Gascons en Gaspésie. Rappelons qu'une somme de 250M$ devait être allouée à la rénovation et à l'augmentation de la capacité de la cimenterie joliettaine.
«On met le projet en suspens jusqu'à ce qu'on sache vraiment quel impact aura l'arrivée de la nouvelle usine. On ne veut pas mettre de l'argent quand on sait que le marché est à risque», explique Jean-Maurice Forget, premier vice-président d'Holcim Canada.
Mise en contexte
Le gouvernement du Québec a récemment attribué une subvention de 450M$ ainsi que des avantages fiscaux pendant dix ans au projet Port-Daniel-Gascons. À lire: Duel du ciment entre les familles Desmarais et Beaudoin-Bombardier
L'ennui, selon M. Forget et le directeur général d'Holcim à Joliette, François Godin, c'est que cette usine empièterait sur le marché des cimenteries existantes partout au Québec, qui déjà, dû au contexte économique difficile, fonctionnent à peine à 60% de leur capacité.
«Le gouvernement assure que la nouvelle usine vise un marché d'exportation et qu'elle ne touchera pas au marché québécois. Mais, nous sommes très sceptiques», explique M. Forget.
Il ajoute qu'Holcim exporte elle-même aux États-Unis et dans les Maritimes, entre autres. «C'est certain que Port-Daniel-Gascons empièterait sur notre marché d'exportation d'une manière ou d'une autre».
Il est difficile pour l'instant d'évaluer l'impact réel qu'engendrerait l'ouverture de la nouvelle cimenterie, mais les deux hommes estiment que les volumes de production de l'usine joliettaine pourraient subir une baisse allant jusqu'à 40 %. «L'économie locale sera touchée, c'est certain», conclut M. Godin.