Christopher Delalonde, un des meilleurs sommeliers du Royaume-Uni, a été désorienté, mais a apprécié sa première dégustation à l'aveugle de cidre de glace. " Le goût était riche et équilibré. Concentré exotique, pommes cuites, noix... Il avait la richesse des Sauternes, la douceur des Beerenauslese et pratiquement le profil du Tokaji Aszú ", écrit-il.
Grâce à son goût unique, le cidre de glace québécois est en train de conquérir le Royaume-Uni. Akos Forczek, directeur de Top Selection, est un des principaux acteurs de cette percée. Depuis 2008, il y distribue les produits du Domaine Leduc-Piedimonte, de Rougemont.
" La réaction est toujours la même, dit l'importateur. Les gens sont désorientés, mais ils aiment. " Du coup, il est facile de développer le marché : une simple dégustation suffit.
C'est par l'entremise d'Emmanuel Hardonniere, sommelier du restaurant londonien Pied à Terre, et de la Délégation du Québec à Londres, que M. Forczek a découvert ce cidre de glace.
Ravi par son goût exquis, il n'a pas hésité à accoler le nom du Domaine Leduc-Piedimonte à ceux des champagnes Henri Giraud et André Jacquart, du rosé Domaine Chevrot, ou encore des grands Bordeaux de Château Les Bertrands.
Une réussite sans équivoque
Certaines des plus prestigieuses enseignes de Londres offrent déjà l'élixir québécois, comme les grands magasins Selfridges et plusieurs restaurants cotés par le Guide Michelin, comme The Square, The Ledbury, Gordon Ramsay et Marcus Waering at The Berkley.
" Les Britanniques ne sont pas les seuls à apprécier, lance fièrement Robert McKeown, 41 ans, propriétaire de la cidrerie du Domaine Leduc-Piedimonte. Nous exportons aussi dans le reste du Canada, au Portugal, en Espagne, en Allemagne, en Suède et en Norvège. "
Réussite enviable, donc, pour ce diplômé en hôtellerie, qui a surtout travaillé dans le commerce international.
Grands amoureux du vin, lui et sa conjointe, Andrée St-Denis, 37 ans, rêvaient de posséder leur propre vignoble. Mais de fil en aiguille, en faisant des recherches approfondies, ils ont constaté le grand potentiel des vergers.
" Le Québec a toutes les caractéristiques pour produire du bon cidre de glace : des pommes de qualité y poussent en abondance et la température en hiver descend bien en dessous de zéro degré Celsius ", dit M. McKeown.
Le couple s'est donc établi à Rougemont en 2004, avec des rêves plein la tête et beaucoup de détermination. Mais il leur manquait deux ingrédients essentiels : l'expérience et les connaissances.
" Au départ, nous avons embauché un agronome et un oenologue, raconte Robert McKeown. Nous avons appris à leur contact, par essais et erreurs. " Aujourd'hui, cependant, les propriétaires sont les seuls maîtres d'oeuvre. Ils produisent de 15 000 à 20 000 bouteilles de cidre de glace par an.
Ils attribuent leur réussite à la fois à leur palais et à leur volonté de produire un cidre de qualité. " Nous chouchoutons littéralement chacune de nos cuves, dit M. McKeown, pour garantir que la transformation se passe bien. Ensuite, nous testons le cidre de glace et embouteillons seulement le meilleur. "
" En d'autres mots, si ce n'est pas bon, on ne vend pas ", ajoute-t-il.