Stephen Jarislowsky, président-fondateur de la société de gestion de portefeuilles montréalaise, Jarislowsky Fraser, se dit surpris que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) n’ait décidé de vendre qu’une portion de sa participation dans Québecor Média.
«Ce qui m’étonne est que la Caisse ait décidé de conserver une participation de 24,6% dans Québecor Média. Je ne comprends pas pourquoi, ni comment la Caisse se protégera», a réagi ce matin M. Jarislowsky au cours d’une entrevue avec LesAffaires.com.
En vertu de la transaction annoncée ce matin, mais qui doit être complétée le 11 octobre prochain, la Caisse diminuera sa participation dans Québecor Média de 45,3 % à 24,6 %.
D’une part, Québecor Média, filiale privée de Québecor Inc, allongera 1G$ au comptant pour racheter de la Caisse un total de 20,4 M d’actions qu’elle détient dans Québecor Media.
Par ailleurs, Québecor Inc annonce qu’elle rachètera de la Caisse 10,2 M d’autres actions de sa filiale Média (Québecor Média), en contrepartie de l'émission (par Québecor Inc) de débentures convertibles subordonnées d'une valeur globale de 500M$.
M. Jarislowsky estime que la Caisse court un risque réel en réduisant de près de moitié sa participation dans Québecor Média, tout en y conservant un part importante (24,6%).
«Est-ce que Pierre-Karl (Péladeau) ne disposait pas des fonds nécessaires (2,75G$) pour acheter l’ensemble de ce que détient la Caisse (45,3%) dans son entreprise?» demande M. Jarislowsky.
«Est-ce que la Caisse aurait identifié un autre acheteur prêt à acquérir la différence à sa place?» demande-t-il encore.
En entrevue, Maxime Chagnon, directeur principal, communications de la CDPQ, a expliqué la décision de la Caisse de conserver une participation dans Québecor Média, en raison de sa confiance que l’avenir de Québecor Media finisse par lui être profitable.
«Nous sommes, Québecor et nous, de bons partenaires d’affaires depuis longtemps, a-t-il dit à LesAffaires.com. La transaction permet de rééquilibrer notre portefeuille, de redéployer le capital ailleurs, toute en ne nuisant pas à la santé financière de Québecor Média.»
Analyste de Valeurs mobilières Desjardins (VMD), Maher Yaghi, évalue qu’au lendemain de la transaction, qui doit se conclure le 11 octobre, l’endettement de Québecor passerait de 2,9 à 3,7 fois son bénéfice d’exploitation.
Pour ses actions restantes, la Caisse disposerait d’un droit de sortie débutant le 1er janvier 2019. À compter de cette date, elle pourra choisir entre les céder à un tiers, sans droit premier refus ou de première offre à Québecor, ou encore d’exiger un premier appel public à l’épargne (PAPE) pour liquider ses titres sur le marché.
La seule façon pour Québecor d’éviter un PAPE pour les actions de Québecor Média, serait de racheter ces actions avant le 1er janvier 2019, a concédé Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor, au cours d’une conférence téléphonique à l’intention des analystes ce matin.
À lire :
La Caisse vend une partie de sa participation dans Québecor Média
Une petite vite de la Caisse à Québecor?
Groupe TVA à un creux en Bourse
Transaction Caisse-Québecor: premières réactions des analystes
René Vézina parle de la transaction de la Caisse dans Québecor à «Ça commence bien» du 3 octobre
Rachat de Québecor Média à la CDP : ce qu'il faut retenir de la téléconférence