À l’heure de souffler ses trente bougies, l’agence de publicité Bleublancrouge (BBR) accroît son offre de service et crée, avec deux partenaires de Toronto, une nouvelle société ayant pour objectif de réinventer votre entreprise, a appris LesAffaires.
«Depuis dix ans tout a changé, observe Sébastien Fauré, président du conseil d'administration de BBR. Les organisations se sont ajustées tant bien que mal à l’influence du numérique. Mais les ajustements ne suffisent plus. Il leur faut maintenant réinventer du tout au tout leur modèle d’affaires.»
C’est à ce besoin perçu que L’Institut idée, cette nouvelle coentreprise enregistrée en Ontario, entend se consacrer. Grâce à une méthode mise au point par ses deux partenaires, Scientific Intelligence et Wunderkind, BBR prétend pouvoir maintenant aider les dirigeants à départager les petites des grandes idées.
«Une agence classique peut avoir de bonnes idées, parvenir par exemple à rendre une entreprise ou une marque plus sexy pour un temps, explique Wahn Yoon, co-fondateur de Scientific Intelligence et président de Wunderkind. Mais L’Institut veut aller au-delà des changements cosmétiques, en s’attaquant à l’ADN, à l’ossature même d’une organisation ou d’un produit.»
Au terme du processus, sensé combiner créativité pure et appliquée, le gestionnaire parviendraient à comprendre l’essentiel de sa mission, mieux mobiliser ses troupes, et imposer les changements requis pour parvenir sans dégât à la transformation ou au réalignement visé. Au cours des dernières années, des organisations aussi importantes qu’Audi, Sanofi, Live Nation, Molson Coors, Wendy’s et Humana auraient déjà fait l’expérience des services maintenant proposés par l’Institut, soutient M. Yoon.
Nouveau? Différent?
D’autres entreprises du secteur des communications et du marketing, tant au Canada qu’ailleurs, ont migré ces dernières années vers un modèle d’affaires mettant à l’avant les aspects ou promesses de création, d’innovation, d’idée novatrice. C’est le cas de SidLee bien sûr, et de Nurun, entre autres.
Il faut dire que le terreau de la créativité , comme celui du leadership il y a quelques années, parait fertile. Depuis 2010, IBM martèle sur tous les toits les résultats d’une étude menée auprès de responsables de ressources humaines de partout sur la planète selon laquelle la qualité numéro un du leader de demain est la créativité.
Et puis, ce n’est pas d’hier, note Marie-Claude Ducas, auteure et journaliste spécialisée en communication, que les agences tentent de se positionner face à la concurrence de plus en plus réelle de consultants, tels les McKinsey, Mercer et KPMG de ce monde.
«Je crois que c’est effectivement dans l’air du temps», reconnait le co-fondateur de L’Institut d’idée, Sébastien Fauré. Par contre, nous sommes les seuls qui pouvons compter sur la méthode éprouvée de Scientific Intelligence».
Le hic est qu’aucun des partenaires de L’Institut, tant à Montréal qu’à Toronto, n’a souhaité détailler les particularités de cette fameuse méthode. «Disons que notre méthode est collaborative, voire participative (…) Contrairement à d’autres, nous faisons émerger des idées de l’intérieur des entreprises, plutôt que de tenter d’implanter des idées toutes faites venues de l’extérieur», s’est contenté M. Yoon.
Malgré ce flou, loin de lancer la pierre, Stéphanie Kennan, spécialiste de l’industrie et présidente de Bang Marketing, se dit tout de même curieuse d’en savoir davantage. «Tout cela me paraît bien, dit-elle. Mais comme toujours, le secret est dans le pudding. On a beau comprendre le pourquoi, la différence se trouve souvent dans le comment.»
Quoi qu’il en soit, les premiers coups de sonde de la nouvelle coentreprise donne confiance aux deux fondateurs. Des clients des industries de l’automobile et du pharmaceutique seraient actuellement en pourparlers avec L’Institut. Leurs noms devraient être rendus publics sous peu.