Chaque printemps, le Québec est envahi par plus de 75 espèces de mouches noires et 60 espèces de moustiques. Dans les régions forestières, il est parfois impossible de profiter du plein air pendant cette période. De quoi faire fuir de précieux touristes.
Pour contrer le problème, améliorer le bien-être des citoyens et promouvoir le tourisme, la municipalité de Mont-Tremblant investit dans le contrôle biologique des insectes piqueurs depuis 1993. «Mont-Tremblant est un lieu de villégiature qui accueille beaucoup de touristes. C'était une demande des commerçants et des citoyens de contrôler les insectes piqueurs», mentionne France Léonard, directrice des communications de la municipalité des Laurentides.
Guy Ouimet, directeur général du club de golf Gray Rocks, à Tremblant, se souvient que les moustiques étaient jadis un irritant majeur. «L'expérience est plus agréable aujourd'hui. On ne reviendra pas en arrière», dit-il.
60 municipalités ont adopté le service
L'expérience de Tremblant est si concluante que de quatre à cinq nouvelles municipalités optent pour le contrôle des insectes piqueurs chaque année.
En fait, les traitements biologiques offerts par des entreprises comme GDG Environnement, de Trois-Rivières, ou par les Conseillers forestiers Roy, de Saguenay, garantissent une réduction de 80 à 95 % du nombre d'insectes piqueurs. Près de 60 municipalités ont recours à ce service au Québec et les tarifs varient de 20 à 140 $ par résidence, selon la densité de population.
Selon Yves Lévesque, maire de Trois-Rivières, le contrôle des insectes piqueurs a carrément changé la vie des citoyens.
«Avant les traitements, c'était l'enfer. On ne pouvait pas manger dehors l'été. Les terrains de golf et les terrains de jeu étaient infestés. Maintenant, on profite plus de l'été», dit M. Lévesque, qui considère que le contrôle des insectes est un investissement plutôt qu'une dépense.
C'est GDG Environnement qui a obtenu le contrat à Trois-Rivières, d'un montant de 1,1 million de dollars.
Un outil pour séduire de nouveaux résidents
Après un projet-pilote de deux ans, Shawinigan a suspendu le contrôle des insectes piqueurs cet été. Rapidement, les citoyens ont fait connaître leur désaccord. Selon François St-Onge, directeur des communications de Shawinigan, le service devrait être rétabli l'an prochain. Il croit par ailleurs que le contrôle des insectes peut être un outil pour attirer de nouvelles familles dans la municipalité.
«Le contrôle des insectes piqueurs fait partie de la planification stratégique de certaines villes pour attirer la population plus jeune ou encore pour développer le récréotourisme», dit Isabelle Martin, présidente et chef de la direction de GDG Environnement, une entreprise de 300 employés qui a récemment été sélectionnée par le programme d'investissement privé Adrenalys, qui vise à épauler 25 PME d'exception pendant deux ans en vue de les faire grandir.
Très populaire dans les banlieues de la Couronne Nord de Montréal, le contrôle des insectes est aussi très efficace dans les milieux forestiers comme ceux de La Tuque, de Senneterre ou de Saint-Michel-des-Saints, où 66 % des citoyens se sont prononcés en faveur du contrôle des insectes piqueurs lors d'un sondage réalisé l'an dernier. Un investissement bénéfique pour les citoyens, pour les quatre campings et pour l'Auberge du Lac Taureau, selon Lise Rivest, agente de bureau de la municipalité située dans le nord de Lanaudière.
Les municipalités ne sont pas le seul marché de ce secteur. Les Conseillers forestiers Roy, une entreprise de Saguenay, réalise 50 % de son chiffre d'affaires en traitant des chantiers de construction, notamment celui de la Romaine, sur la Côte-Nord.
> Le Bacillus thuringiensis israelensis (Bti) tue les larves des insectes piqueurs sans impact sur la chaîne alimentaire. Seul insecticide biologique reconnu par Santé Canada, on l’utilise pour lutter contre le virus du Nil et la tordeuse des bourgeons de l’épinette. Son efficacité sur les insectes piqueurs est de 80 à 95%