L’ancienne Secrétaire d’État des Etats-Unis, Madeleine Albright, invite les leaders du monde qui cherchent les modèles de l’avenir à se pointer au Sommet international des coopératives qui se tient à Québec ces jours-ci, ou alors à tisser des liens avec le monde coopératif.
«Ils y a apprendront beaucoup de ce qu’ils doivent savoir, a dit Mme Albright dans son allocution. Évidemment, les coopératives ne sont pas la solution à tout, mais dans une époque de grande anxiété, elles incarnent un bon point de départ.»
Devant quelque 2800 personnes réunies au Centre des congrès de Québec, l’ancienne Secrétaire d’État sous Bill Clinton a livré un discours engagé, avec une large perspective historique et sociale.
Pour elle, les coopératives sont un modèle de vertu pour la paix, l’égalité et le développement économique durable.
«Je ne suis pas une experte en économie, mais devant un modèle qui fonctionne et l’autre qui tangue, je serais portée à étudier de plus près le modèle qui fonctionne», a-t-elle observé.
Revenant sur la crise financière de 2008, dont plusieurs pays tentent encore de se relever, elle a retenu que les investisseurs ont été complètement déconnectés des capacités d’achat des consommateurs. Ils ont ainsi créé une bulle qui a éclaté.
«Les coopératives ne peuvent se permettent de jouer ce jeu dangereux. La coop moyenne existe pour répondre à un besoin spécifique et son succès dépend de sa capacité à satisfaire à la fois les consommateurs et les propriétaires. Comme elles sont locales plutôt que globales, l’intérêt commun est évident et la communication inévitable», a remarqué Mme Albright.
Elle a ajouté que les coopératives partagent un objectif social, celui d’atteindre, par un groupe, ce qui ne pourrait être réalisé individuellement. Elle a pris pour exemple la Deuxième Guerre Mondiale, qui aurait pu être évitée si les pays s’étaient tenus debout ensemble contre Hitler au lieu de se rallier à lui un à un, et si les Alliés n’avaient pas autant tardé à reconnaître leur pouvoir d’action.
«Nous ne pouvons nous permettre un autre mauvais calcul devant les grands enjeux mondiaux que la jeune génération devra relever», a signifié Mme Albright.
Elle s’est demandé ensuite comment les leaders pourront créer des millions d’emploi alors que les technologies remplacent le travail des humains. Comment créer des incitatifs à la production et à l’innovation sans davantage creuser l’écart entre riches et pauvres. Comment bâtir la paix quand beaucoup de nations cherchent réparation pour le passé. Comment arrêter le réchauffement de la planète avant qu’il ne nous arrête. Comment restaurer la confiance des populations envers les institutions politiques et financières.
«Les défis de l’avenir ne seront pas relevés par un seul pays. Une nouvelle ère de collaboration est nécessaire. Elle doit toucher tous les coins de la planète et chacun doit y participer; les universitaires, les chercheurs, la société civile, les citoyens individuellement et les entreprises.»
Aussi, a-t-elle affirmé, cette collaboration ne peut s’établir si chacun insiste sur sa manière étroite et spécifique d’envisager le monde, si chacun croit détenir la vérité.
Les coopératives l’ont compris, selon Mme Albright, car elles sont constituées sur des principes d’inclusion, de non-discrimination des membres, de démocratie organisationnelle et de soutien au développement d’une communauté plus large. Cela se traduit par des emplois de qualité et un niveau de vie plus élevé, mais aussi dans la compréhension ce qu’ensemble les gens peuvent accomplir.