Du 3 au 6 novembre dernier s’est tenu le World Entrepreneurship Forum, à Lyon. Un « do thank » réunissant 100 membres de 55 pays. Le Forum s’est donné une double mission : encourager l’entrepreneurip sous toutes ses formes comme solution aux défis sociétaux et, cela, en conjuguant création de richesse et justice sociale. À lire en page 9 de l’édition du 4 au 10 décembre 2010.
Deux entrepreneurs ont particulièrement attiré l’attention du troisième World Entrepreneurship Forum. Leur point commun : ils sont asiatiques. Là s’arrêtent les comparaisons.
Le PDG de la World Toilet Organization, Jack Sim, et celui de Lenovo, Liu Chuan-ZHI, sont aux antipodes.
Jack Sim : Monsieur Toilette Le Singapourien Jack Sim adore les projecteurs. Il raconte avec plaisir comment, devenu indépendant de fortune à 40 ans, il a créé une entreprise autour des toilettes ! « Montrez votre amour à votre femme et à vos enfants, offrez-leur une toilette. » Avec ce slogan, Jack Sim, de la World Toilet Organization, vend ses installations sanitaires aux hommes des pays émergents. « Dès qu’ils ont de l’argent, les pauvres s’achètent des cellulaires et des téléviseurs. Mais des toilettes c’est une question de santé et de sécurité », affirme avec conviction celui qui a déjà été honoré par le magazine Time.
Son modèle est simple : dans des usines fabriquées pour 400 $, on produit des toilettes sèches pour 5 dollars chacune qu’un réseau de vendeurs locaux écoulent pour 32 $. Reste le financement. « Investir dans le bleu et le vert est à la mode, je dois convaincre les investisseurs de miser sur le brun ! », dit-il dans un grand rire.
Liu Chuan-Zhi : Monsieur PC Vous n’entendrez pas Liu Chuan-Zhi éclater de rire. Pour celui que le gouvernement chinois a déjà sacré « Employé national modèle » puis, plusieurs années plus tard, « Homme d’affaires de l’année », la vie est un combat. Il se bat d’abord pour devenir entrepreneur à 44 ans, dans la Chine nouvellement capitaliste des années 1980. Les deux tiers de sa mise de fonds initiale, 30 000 $, s’envole en fumée pour cause de corruption. Mais il tient bon. D’ailleurs, le mot « courage » revient constamment dans son discours. Des obstacles qu’il a surmontés, et des concurrents qu’il a terassés, Liu Chuan-Zhi tire une fierté non dissimulée. En achetant la division PC d’IBM, baptisée Lenovo, il prend le monde par surprise.
« Personne ne croyait en nous, le serpent a avalé l’éléphant, répétait-on. Cinq ans plus tard, notre croissance est le double de celle du marché », affirme l’entrepreneur. Et Liu Chuan-Zhi applique à la lettre les conseils des manuels de gestion occidentaux pour qu’il en reste ainsi. D’abord, rendre les cadres actionnaires. Il a convaincu l’État de céder le tiers de ses parts au personnel. Ensuite, assumer sa responsabilité sociale.