Abandonné par les touristes américains depuis plusieurs années, est-il toujours possible de redonner vie au village piétonnier de la Station de ski du Mont Tremblant?
C’est en tout cas le défi que tentera de relever Colliers, spécialiste de l’immobilier commercial, appelés en renfort par M.T. Laurentienne, le propriétaire des actifs commerciaux de la Station Mont Tremblant.
Bâti il y a 16 ans au pied du flanc sud de la montagne, ce village regroupe un total de 75 boutiques et restaurants, d’une superficie de 14 000m2, la plupart installés au rez-de-chaussée d’édifices abritant des centaines d’unités de condominium.
Le hic, est que les hordes de touristes américains et européens qui ont fait les beaux jours d’Intrawest pendant les premières années, se montrent aujourd’hui beaucoup moins nombreux sur les pentes et dans le village, en quête de souvenirs à rapporter à la maison.
«Je ne dirais pas que les commerces ont de la difficulté, a expliqué Andrew Maravita, directeur général de Colliers au Québec. Mais il est indéniable que la démographie a changé, que le profil des visiteurs n’est pas celui qu’il a déjà été.»
En lieu et place des touristes européens et américains d’autrefois, on retrouve aujourd’hui plus de Canadiens, des régions d’Ottawa et de Toronto, qu’auparavant, grâce entre autres liaisons aériennes qu’effectue Porter Airlines dans la région.
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Si un skieur canadien vaut bien un Américain au haut d’une piste, les choses seraient toutes autres au bas des pistes, lorsque vient le temps de faire du lèche-vitrine. Et en particulier depuis que la valeur du huard a rejoint celle du dollar américain. L'annonce de fermeture du Casino de Tremblant, trois jours par semaine, n'est est d'ailleurs pas étrangère.
Qu’à cela ne tienne, le directeur de M.T. Laurentienne, Steve Lafave, soutient que l’ensemble commercial demeure «en santé» et que le taux d’occupation «de 5 à 10%» actuellement, n’est pas plus élevé que par les années passées. Les boutiques et restos engrangeraient annuellement, dit-il, des ventes de 450 à 500$ le pi2 en moyenne, avec des pointes pouvant aller jusqu’à 1000$.
Sans prévoir de transformation en profondeur du village –aucun budget de construction n’est d’ailleurs prévu-, le directeur général de Colliers, note tout de même des améliorations qui pourraient permettre de mieux desservir sa clientèle.
Par exemple, aucune boutique de thé (Davids Tea, Ceasars tea, etc.) ne fait partie du complexe. Étrangement, le village ne comprend pas non plus de restaurants pour déjeuner (Cora, Eggspectation, etc.) et de comptoir de bannière Starbucks, devenu un incontournable. Des boutiques du type spécialisé, comme Lululemon ou Lolë, manque aussi au village.
«L’idée n’est pas de tout changer, précise M. Maravita. Mais comme tout centre commercial – pensons au Carrefour Laval par exemple-, il vient un tout où il faut tenter de se redéfinir. À défaut de le faire, tu risques la stagnation».
Le Casino fermé
La semaine dernière, le Casino de Mont-Tremblant a annoncé que faute de clientèle, il sera dorénavant ouvert du jeudi au dimanche, plutôt que sept jours sur sept.
En conséquence, trente-cinq employés sur les 150 que compte le casino seront mis à pied d'ici le printemps. D'autres travailleurs verront leurs heures de travail réduites.
En 2011, le Casino de Mont-Tremblant a enregistré une perte de 4M$. Ouvert en 2009, au coût de 65M$, le casino prévoyait des revenus annuels de 50M$. Le casino n'enregitre finalement que des revenus de 20M$ par année.