Des horaires variables, le salaire minimum, et ce, peu importe l’heure du jour ou de la nuit.
Ce serait là le lot quotidien d’une douzaine d’employés de la rue Jean-Talon Est à Montréal qui, criant à l’injustice, viennent de déposer une requête en accréditation auprès de la Commission des relations de travail.
«Assez, c’est assez», a déclaré devant la presse, Luis Donis, le porte-parole des employés du dépanneur en démarche de syndicalisation avec la CSN. «Plus que tout, dit-il, ce que nous espérons est le respect de notre employeur.»
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La direction de Couche-Tard, à Laval, a été informée par la CSN de la démarche des employés ce matin. Elle n’a, depuis, émis aucun commentaire officiel.
Le vice-président de la CSN, Roger Valois, s’attend à ce que la Commission des relations de travail rende une décision sur la requête des employés d’ici environ trois semaines.
Advenant l’obtention de la reconnaissance espérée, les employés travailleront avec la CSN sur un projet de convention collective qui serait ensuite négociée avec la direction de l’entreprise.
La convention collective ne s’appliquerait dans un premier temps qu’aux employés de la succursale de Jean-Talon Est (à l’angle de D’Iberville). Mais elle pourrait rapidement s’étendre aux autres employés des quelque 500 succursales de Couche-Tard au Québec, au fur et à mesure que ceux-ci choisiront de prendre la voie de la syndicalisation, soutient Jean Lortie, le président de la Fédération du commerce de la CSN.
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Ce dernier affirme que la direction de l’entreprise a gelé le salaire de l’ensemble de ses employés dans les dépanneurs depuis maintenant deux ans. Pourtant, ajoute-t-il, nul n’ignore que «Couche-Tard fait partie du club des milliardaires du Québec inc et que la chaîne de dépanneur se montre féroce sur le plan des acquisitions».
La dernière démarche en ce sens visait la chaîne américaine Casey’s, démarche qui s’est soldée par un échec. En 2010, Couche-Tard a engrangé des profits de 302M$US, en hausse de 19,3% par rapport à 2009.
Risque de fermeture
La dernière tentative de syndicalisation d’un dépanneur de la bannière Couche-Tard par la CSN avait entraîné la fermeture soudaine du dépanneur de Saint-Mathieu-de-Beloeil, à l’automne 2009. À l’instar de Walmart, à Jonquière, la direction avait évoqué des problèmes de rentabilité pour expliquer son geste, avant de finalement rouvrir le dépanneur, un an plus tard, prenant bien soin de ne pas réembaucher les mêmes travailleurs.
«Cette fois, je ne vois pas comment Couche-Tard pourrait évoquer des problèmes de rentabilité», dit M. Valois, admettant tout de même que «rien n’empêcherait légalement» l’entreprise de fermer boutique si elle le désirait.
Cela dit, le vice-président de la CSN tâche de se montrer rassurant : «lorsque des travailleurs font appel à nous, c'est parce qu'ils veulent se donner les moyens d'améliorer leur sort. La CSN ne ménagera pas ses efforts afin de les soutenir dans toutes leurs démarches ainsi que celles de leurs collègues d'ailleurs au Québec.»
À la fermeture de la Bourse de Toronto, l'action de Couche-Tard avait gagné 1,23% à 27,09$.
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