Il était 8 heures tapantes quand les portes du premier supermarché Walmart du Québec ont ouvert, en bordure de l’autoroute 13 à Laval. C’est matinal, mais les clients étaient nombreux, attirés sans doute par les bas prix annoncés dans la circulaire. En page frontispice : la laitue romaine du Québec à 33 ¢, le melon d’eau sans pépins « de 10 à 11 livres » à 2,97 $, la livre de beurre à 2,97 $ et le paquet de deux poulets entiers refroidis à l’air (Maple Leaf Prime) à 9 $.
À 9 heures, on pouvait à peine circuler avec un chariot dans le rayon de la boulangerie et dans celui des fruits et légumes. On se ruait entre autres sur les paniers de fraises du Québec à 1,97 $ et les tomates Savoura à 88 ¢ la livre. Une heure trente après l’ouverture, un employé s’affaiait déjà à regarnir certains étalages.
C’est clair, Walmart conserve la stratégie qui a fait son succès, celle des bas prix. Mais le géant veut aussi sortir de son image de grande surface froide où on vend des biens d’une qualité moyenne. Dans sa circulaire spécialement conçue pour le marché de Laval et consacrée à 90 % l’alimentation, on prend la peine d’indiquer qu’un prix inférieur chez un concurrent sera égalé.
Mais en gros caractères, on insiste surtout pour dire que « la nouvelle tendance [est la] fraîcheur », que la qualité de la viande, des fruits et légumes est « 100 % garantie », que l’on vend « les produits que vous aimez ». Les aliments du Québec - qui remplissent tout près de deux pages sur 8 - sont bien identifiés par un logo et on se vante d’en offrir « une vaste sélection ».
Jordan LeBel, professeur de marketing spécialisé en alimentation à l’Université Concordia, a été agréablement surpris par sa visite du magasin, effectuée en compagnie de LesAffaires.com. Il a notamment apprécié l’importance accordée aux aliments du Québec et la diversité de l’offre dans chaque catégorie. « Je ne m’attendais pas à voir autant de produits haut de gamme. Dans la crème glacée, il y a beaucoup de choix. Et j’aime qu’il y ait de petites affiches pour mettre en évidence les nouveautés. Ça me donne le goût de les essayer.» Cliquez ici pour voir l’entrevue complète qu’il nous a accordée et dans laquelle il explique les points forts et les points faibles du concept.
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De la boulangerie « artisanale », des prix fixes au rayon des viandes
Dans l’entrée du magasin - qui a été agrandie pour loger la nouvelle offre alimentaire et qui possède désormais deux portes – on mise sur la boulangerie et la pâtisserie. « Ça envoie un signal de fraîcheur, a expliqué aux Affaires Chantal Glenisson, vice-présidente principale de l'exploitation chez Walmart pour l’est du Canada. On sait que les Québécois aiment les croissants au beurre et les biscuits. »
Ces croissants et ces biscuits avaient été cuits la veille en magasin, nous a-t-elle assuré. Pourtant, les clients n’auraient pas pu le deviner, cette information n’étant précisée d’aucune manière, avons-nous fait remarquer à Chantal Glenisson. « C’est quelque chose que j’ai noté. Je vais transmettre l’information. Il faut que ça change. »
Nous avons aussi été intrigués par cette immense affiche « Boulangerie artisanale ». Les clients croiront-ils vraiment qu’il peut y avoir du pain « artisanal » chez Walmart ? N’est-ce pas exagéré comme affirmation ? «Peut-être. Je me suis fait la même observation », a répondu la vice-présidente, avec une franchise étonnante. Pour voir l’entrevue complète que nous avons réalisée avec elle, cliquez ici.
Au rayon de la charcuterie, les paquets de viande tranchée, peu importe le fabricant, sont vendus à prix fixe (3 ou 5 $). Le prix est indiqué dans un gros cercle rouge, souvent imprimé sur le paquet (et non pas ajouté par un employé). La même stratégie est utilisée pour le bœuf haché, les brochettes de viande et les côtelettes de porc. Cela permet d’éviter que la viande soit pesée et qu’un employé doive l’étiqueter. Puisque tout arrive en magasin déjà prêt à la vente (le bœuf est emballé dans un centre de coupe à Chambly), les erreurs de prix sont évitées, les coûts de main-d’œuvre réduits.
« Ça simplifie les choses pour le client et il y a un impact visuel », ajoute Chantal Glenisson.
Walmart veut simplifier la vie de ses clients et rendre leur visite en magasin agréable, ce qui est réussi, estime Brian McConnell, président de l’agence Shop et expert en marchandisage. « Les étagères sont basses, ce qui rend l’espace dégagé et permet de voir loin. De plus, les allées sont larges », a-t-il commenté, après avoir visité le magasin. En outre, les tablettes sont noires, ce qui est « très tendance », donne une image haut de gamme et met davantage les aliments en valeur que le blanc. Pour entendre le point de vue de Brian McConnell sur le supermarché de Walmart, cliquez ici.
Le 8 juillet, Walmart inaugurera son 2e supermarché en sol québécois. Le magasin est situé à Mascouche, à l’intersection des autoroutes 25 et 640). Un troisième ouvrira ses portes le 15 juillet, à Laval (intersection 19 et 440). Dans le reste du pays, le géant américain compte quelque 120 marchés d’alimentation, appelés Supercentre.
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Nos entrevues :
Chantal Glenisson, vice-présidente principale de l'exploitation, Est du Canada, Walmart
Brian McConnell, président de l'agence Shop et expert en marchandisage