Un analyste financier européen soutient qu'Alimentation Couche-Tard pourrait devoir augmenter son offre pour la chaîne de stations-service norvégienne Statoil Fuel & Retail (SFR), mais le détaillant lavallois assure qu'il n'en est pas question.
Dans un rapport publié lundi, Martin Stenshall, de Danske Markets, soutient que l'offre de 2,7 milliards $ (3,6 milliards $ en incluant la dette) pour SFR constitue une «aubaine» compte tenu du potentiel de croissance que recèle l'entreprise.
M. Stenshall note que depuis l'annonce de la transaction, l'action de Couche-Tard s'est appréciée de plus de 25 pour cent, ce qui laisse entendre, à ses yeux, que «l'offre pour SFR est trop basse».
L'analyste souligne que l'offre de 2,7 milliards $ (51,20 couronnes norvégiennes ou 8,83 $ par action) représente 6,2 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) dégagé par SFR au cours des 12 derniers mois, alors que le ratio moyen pour des transactions dans le secteur nord-américain des dépanneurs est de 6,4 fois le BAIIA.
Selon lui, Couche-Tard pourrait bonifier son offre jusqu'à 58 couronnes norvégiennes (10 $) par action, soit 3 milliards $ ou 6,7 fois le BAIIA de SFR, tout en maintenant les avantages de la transaction.
«Nous croyons que certains actionnaires de SFR sont susceptibles de rejeter l'offre de 51,20 couronnes puisqu'elle nous apparaît trop basse, a écrit Martin Stenshall. Nous estimons possible que des actionnaires se rendent compte de cela et qu'ils réclament une offre plus élevée.»
Au cours d'un entretien téléphonique, le chef de la direction financière de Couche-Tard, Raymond Paré, a toutefois martelé lundi que l'offre de 2,7 milliards $ «est pleine et entière et représente la valeur véritable de l'entreprise». Le détaillant n'envisage donc pas de présenter une suroffre.
Rappelons que le 20 avril, la Bourse d'Oslo a demandé à Statoil Fuel & Retail d'obtenir un troisième avis financier pour certifier le caractère équitable de l'offre de Couche-Tard.
La Bourse a présenté cette requête parce que SFR n'a pas l'intention de solliciter d'autres offres d'achat pour concurrencer celle de Couche-Tard. Le géant américain Bank of America Merrill Lynch et la banque norvégienne ABG Sundal Collier ont déjà produit des rapports établissant le caractère équitable de la transaction proposée.
Baisse du taux d'imposition?
Par ailleurs, dans un autre rapport publié lundi, l'analyste Martin Landry, de GMP Securities, avance que le taux d'imposition de Couche-Tard pourrait passer de 25 à 20 pour cent après l'acquisition de SFR.
Des discussions avec la direction ont permis à M. Landry d'apprendre que l'entreprise entend mettre en place une structure fiscale qui lui permettra de déduire deux fois les dépenses d'intérêts liées à la transaction: une première fois au niveau de la filiale européenne et une autre fois au niveau de la société mère québécoise.
SFR exploite environ 2300 stations-service en Scandinavie et en Europe de l'Est. La pétrolière Statoil, qui est contrôlée par le gouvernement norvégien, détient 54 pour cent des actions de SFR et a déjà accepté de céder sa participation à Couche-Tard.
L'action de Couche-Tard a clôturé à 42,85 $ lundi, en baisse de 0,1 pour cent, à la Bourse de Toronto, alors que celle de SFR a terminé la séance à 51,35 couronnes, en hausse de 0,4 pour cent, à la Bourse d'Oslo.