Le distributeur américain Sears, victime de ventes en baisse en pleine saison des achats de fin d'année, a annoncé mardi qu'il allait fermer une centaine de magasins, déclenchant des doutes sur sa capacité à survivre à moyen terme.
Le marché a durement sanctionné ses annonces, en faisant chuter son titre de 27,20%, à 33,38$US à la fermeture, de la Bourse de New York.
"Sears a annoncé des résultats bruts (Ebidtda) et des ventes qui révèlent des problèmes en aggravation dans cette chaîne en difficultés, et ravivent les inquiétudes sur sa capacité à survivre", écrivait l'analyste Gary Balter, chez Credit Suisse.
Sears a indiqué que les ventes de la période de 8 semaines terminée le jour de Noël avaient reculé globalement de 5,2% sur un an, la baisse étant plus marquée (-6%) pour les grands magasins classiques à l'enseigne Sears que pour sa filiale à petit prix Kmart (-4,4%).
C'est une contreperformance alors que la Fédération nationale des distributeurs (NRF) a confirmé mardi qu'elle attendait globalement une progression de 3,8% des ventes de Noël par rapport à l'année dernière. L'institut d'analyse économique IHS Global Insight attend une progression de 4,8%.
L'économiste de IHS Chris Christopher a toutefois prévenu que vu le climat encore relativement déprimé de la consommation de ménages, "les distributeurs se battent pour les parts de marché, donc il y aura des gagnants et des perdants". Pour les analystes, il ne fait aucun doute que Sears, dont les magasins sont omniprésents dans les centres commerciaux du pays, est du côté des perdants.
La solution trouvée par Sears est, selon Credit Suisse, "un signe de désespoir": la chaîne du Midwest va fermer environ 6% de ses magasins, soit 100 à 120 grandes surfaces, dans l'espoir de récupérer entre 140 et 170 millions de dollars par la vente de stocks et la vente ou la sous-location d'actifs immobiliers.
"La gravité de la situation dépasse ce qu'on pouvait attendre, mais les raisons ne sont pas surprenantes", selon Credit Suisse: "tout commence et, selon certains, finit avec la réticence de Sears à investir dans ses magasins et le service, ce qui revient de fait à demander aux clients de payer pour un un climat de shopping qui est moins agréable que chez ses concurrents ou en ligne".
"Pour le trimestre, la faiblesse des ventes à paiement échelonné chez Kmart n'est pas surprenante puisque Wal-Mart a repris ce service, la faiblesse de Sears dans l'électro-ménager n'est pas surprenante vu la combattivité de Lowe's et Home Depot, et la faiblesse dans l'électronique confirme que c'est un secteur en difficultés et que Sears n'est pas concurrenciel", ajoute Credit Suisse.
La banque a abaissé son objectif de cours à 20 dollars, soit moins de la moitié de ce que Sears cotait encore vendredi, prévenant que s'il atteint ce seuil, "ce sera une étape vers la liquidation".
Concrètement, Sears a annoncé mardi que l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté du groupe au quatrième trimestre devrait être inférieur de plus de moitié aux 933 millions de dollars dégagés l'an dernier.
En outre, vu la dégradation de sa rentabilité, Sears va devoir ajuster la valeur de certains actifs incorporels (écarts d'acquisition, avantages fiscaux...) pour un montant allant de 1,6 à 2,4 milliards de dollars, ce qui laisse attendre une perte nette pour l'exercice s'achevant fin janvier.
L'an dernier, il avait dégagé un maigre bénéfice de 133 millions de dollars sur des ventes de 43,3 milliards de dollars, une performance déjà jugée à l'époque "inacceptable" par le président du conseil d'administration, l'investisseur Edward Lampert.