Une offre hostile de la part de Lowe’s pour faire l’acquisition de Rona reste plausible, selon un gestionnaire de portefeuille et un analyste consultés par LesAffaires.com. De son côté, Rona reste dans le mutisme qu’elle applique depuis qu’elle a dévoilé l’existence d’une offre d’acquisition le 31 juillet dernier.
Sebastian Van Berkom, président de Van Berkom et associés, fait partie de ceux qui s’attendent à une offre hostile et « ne comprend pas le conseil d’administration de Rona » dans toute cette histoire. « Ce n’est pas mort, il y aura probablement une offre hostile », a-t-il confié en entrevue téléphonique.
Keith Howlett, analyste pour Valeurs mobilières Desjardins, est du même avis. « Lowe’s va procéder avec une offre hostile d’ici trois mois, ou intensifier la concurrence pour faciliter des négociations plus productives dans deux ou trois ans », a-t-il écrit dans une note ce lundi. À son avis, l’annonce d’aujourd’hui par Lowe’s signifie seulement que la phase « amicale » est terminée, puisqu’elle a insisté sur son intérêt à croître dans le marché canadien.
Les deux ont soulevé que Rona tente de se départir de 23 magasins à grande surface à l’extérieur du Québec, et que ces adresses pourraient intéresser Lowe’s
Pour sa part, Rona a répondu par courriel à notre demande d’entrevue, indiquant que sa priorité était de « poursuivre l’implantation de son plan d’affaires axé sur le renouvellement de son offre aux consommateurs ».
PLUS :
Lowe's retire son offre pour Rona
Offre de Lowe's: Rona change d'avis et garde le silence
Dutton ne commente pas Lowe's, mais vante Rona
Page suivante : quitter le Canada, une solution pour Lowe’s?
Quitter le Canada, une solution pour Lowe’s?
Cependant, il est possible que Lowe’s décide carrément de se retirer du marché canadien, soulève Jim Durran, analyste pour Barclay’s. Ce qui, ultimement, profiterait à Rona au chapitre des ventes.
M. Durran souligne que Lowe’s a eu la vie plus dure que ses concurrents au Canada depuis quelques années. Déjà, Lowe’s a joué de malchance en pénétrant le marché au nord de la frontière peu avant que la dernière récession n’éclate. Mais la progression de ses ventes a toujours été meilleure chez ses concurrents Rona et Home Depot. « Cela nous porte à croire que Lowe’s a perdu plus d’argent que ce qu’elle avait prévu pour ces cinq premières années dans le marché canadien », a écrit l’analyste dans une note ce lundi.
« Alors qu’elle a ouvert seulement 31 magasins en sol canadien, qu’elle a potentiellement raté les objectifs de son plan financier pour ces cinq premières années et qu’elle perd probablement de l’argent encore, sortir du pays pourrait être une réponse légitime afin d’améliorer son rendement pour les actionnaires », a ajouté M. Durran. Surtout, les faibles résultats financiers depuis les huit derniers trimestres sont probablement la principale motivation de Lowe’s pour tenter l’acquisition de Rona.
PLUS :
Lowe's retire son offre pour Rona
Page suivante : le CA a-t-il manqué à ses obligations?
Le CA a-t-il manqué à ses obligations?
Sebastian Van Berkom, gestionnaire de portefeuille spécialisé dans les petites et moyennes capitalisations boursières, fait un pas de plus et s’en prend au conseil d’administration de Rona. À son avis, les administrateurs ont failli à leurs obligations, et les actionnaires auraient raison de s’en plaindre.
« Je ne suis pas avocat, mais je me demande s’il n’est pas possible que les actionnaires poursuivent le conseil d’administration », a-t-il martelé.
« Nous n’avons toujours pas eu les vraies raisons expliquant pourquoi le conseil de Rona a décidé de ne pas travailler avec Lowe’s. C’est leur responsabilité de maximiser la valeur pour les actionnaires et toutes les parties concernées. Mais ils n’ont même pas regardé quelles options sont possibles », a plaidé M. Van Berkom. Selon lui, Rona pouvait obtenir des protections pour des emplois clés ou des fournisseurs dans le cadre de discussions.
Le gestionnaire a vendu les actions qu’il détenait dans le quincailler québécois depuis plusieurs années déjà. Il pense que le conseil a trop attendu avant de brasser les cartes à la haute direction. L’offre de Lowe’s aurait pu devenir une occasion pour bâtir une entreprise plus forte, croit M. Van Berkom, d’autant qu’il ne s’explique pas l’opposition à la transaction constatée cet été.
« Rona, c’est juste un distributeur. Ce n’est pas stratégique comme Potash l’était », a-t-il expliqué.
PLUS :
Lowe's retire son offre pour Rona