Les rumeurs d’acquisition de Rona par l’américaine Lowe's excèdent ses dirigeants qui aimeraient que l’attention soit plutôt portée sur l’ambitieux plan de transformation en cours. Pour calmer le jeu, ils ont réclamé l’aide et l’appui des actionnaires. Car la spéculation devient « dangereuse ».
« Rona n'est pas à vendre. Ni en tout, ni en parties, ni en morceaux. […] Je vous invite à faire taire les rumeurs et à ne pas les laisser prendre racine », a lancé le président du conseil, Jean Gaulin, aux actionnaires réunis dans le centre de distribution du quincailler à Boucherville, à l’occasion de l’assemblée annuelle.
De son côté, le président et chef de la direction, Robert Dutton, a dit aux actionnaires qu’il était de leur devoir de soutenir Rona. « C’est une grande responsabilité, c’est une question d’éthique. »
Le grand patron a martelé qu’il était « important que Rona demeure une entreprise canadienne » étant donné son engagement financier, social et écologique au pays. À son avis, les actionnaires, les marchands et les clients sont d’accord avec lui.
D’ailleurs, il a affirmé que les consommateurs préfèrent Rona à ses concurrents américains (Home Depot et Lowe's, entre autres) par qu’il s’agit d’une entreprise locale. En Ontario, a-t-il précisé, 23 % des gens choisissent Rona en raison de son origine. Pour le Québec, Robert Dutton n’avait pas de statistiques à fournir.
Visiblement irrité par l’importance que prend la spéculation, il a qualifié les rumeurs de « dangereuses » pour Rona et pour les milliers d’employés des entreprises qui lui vendent des biens. « Ça démobilise et ça crée de l’inquiétude chez nos employés, nos marchands, les employés de nos fournisseurs. »
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Pas de contacts avec d’éventuels acheteurs
« Ma priorité est que Rona demeure une entreprise canadienne. Il n’y a pas de discussions avec personne, sauf avec nos employés et nos marchands pour réaliser notre plan d’affaires », a juré Robert Dutton. Personne n’a approché formellement Rona. »
Tout en admettant qu’il ne pouvait pas empêcher une offre hostile d’achat, il a ajouté avec passion que « s’il y a une entreprise à sortir du marché, ce n’est pas celle qui est en affaires depuis 73 ans. Ce n'est pas l’entreprise qui crée de la richesse au Canada. Ce n’est pas l’entreprise qui a fait plus pour l’environnement que n’importe quelle autre. C’est une entreprise canadienne qui s’appelle Rona et qui va demeurer ».
Même si le titre du quincailler (TSX :RON) est passée de 23 $ à 10 $ depuis 5 ans, les nombreux actionnaires dans la salle ont posé peu de questions et n’ont pas demandé de comptes. Avec leurs applaudissements nourris, ils semblaient plutôt donner leur appui aux dirigeants de l’entreprise québécoise.
Un plan axé sur la proximité
Tout au long de l’assemblée, Robert Dutton et son chef des finances ont insisté sur le fait que leur nouveau plan stratégique dévoilé en février « est loin d’être la réponse à court terme » à une conjoncture difficile. Le quincailler soutient vouloir devenir le leader de son industrie en redéfinissant l’expérience client dans ses magasins. Baptisé Nouvelles réalités, nouvelles solutions, ce plan a toutes les allures d’un électrochoc pour retrouver la croissance.
Le plan stratégique de deux ans, doté d’un budget de 70 M$, prévoit notamment la fermeture de grandes surfaces qui seront remplacées par de petits magasins de proximité.
« La proximité est le premier facteur de choix du consommateur quand il choisit un magasin : la proximité a plus d’importance que la sélection de produits, plus que le prix, plus, même, que la qualité du service », a affirmé Robert Dutton.
Dans le marché de Mississauga, près de Toronto, par exemple, Rona passe de cinq à neuf points de vente, tout en réduisant de 40 % la surface de vente. Le président assure que cette stratégie ne fera pas augmenter ses frais d’exploitation grâce à la réduction du coût des loyers.
« Rona, c’est solide. On a un plan, on l’exécute, on est disciplinés on a le support des actionnaires, des employés, c’est ça qui va faire notre succès », a conclu Robert Dutton.