Alors que les spéculations vont bon train quant à l’intérêt de l’américaine Lowe’s pour Rona, un analyste de Toronto soutient que Canadian Tire pourrait aussi profiter de l'achat du quincailler québécois.
L’ajout de Rona dans le portefeuille de Canadian Tire pourrait entraîner une hausse de son bénéfice par action de l’ordre de 8,5% à 10,3%, selon l’analyste David Hartley, de la firme courtage Credit Suisse.
L'analyste s’appuie sur l'hypothèse d'un prix d’acquisition de 16,50$ par action pour Rona, ce qui maintinendrait son niveau d'endettement à l'abri d'une éventuelle décote des sociétés de crédit.
Question de finances et de stratégie
Selon lui, l’achat de Rona par Canadian Tire pourrait lui permettre des économies de synergies de 50 M$. Ces projections d'économies sont deux fois moindres que celles réalisées par Canadian Tire à la suite de l’acquisition du Groupe Forzani (Sports Experts, Atmosphère, etc.), il y a un peu plus d'un an, au montant 771M$, ou de 26,50$ l'action.
L'analyste de Credit Suisse estime que Canadian Tire pourrait réaliser des économies plus importantes que ne pourraient l’espérer l’américaine Lowe’s. Principalement en raison de la taille supérieure de ses ventes au Canada et de l'importante proportion d'articles vendus autant chez Rona que chez Canadian Tire. Ce chevauchement (overlap) de produits pourrait accroître le pouvoir de négociation du détaillant auprès de ses fournisseurs.
Au-delà des possibilités d’accroissement de son bénéfice, l’acquisition de Rona pourrait aussi avoir une importance stratégique pour Canadian Tire, souligne M. Hartley.
En effet, en allant de l’avant dans une telle transaction, Canadian Tire éliminerait du coup presque toute possibilité que l’américaine Lowe’s puisse se tailler une place significative au Canada.
Actuellement, la présence de Lowe’s au Canada se limite à 31 magasins, lesquels pourraient être fermés si Lowe’s ne ne réussit pas à percer le marché canadien au moyen d’une importante acquisition.
Des risques à considérer
Cela dit, l’analyste de Credit Suisse précise qu'une acquisition de Rona ne pourrait se faire sans risques pour Canadian Tire.
Il rappelle entre autres que Canadian Tire pourrait devoir vivre avec l'opposition de certains franchisés. Comment les convaincre par exemple qu'une telle transaction les avantagerait tous, lorsque l'on connaît la proximité de plusieurs points de vente (des magasins Rona et Canadian Tire sont voisins), et le nombre de produits sur lesquels les deux entreprises se font concurrence (peinture, outils, produits de décoration et de jardinage, etc.)?
Un autre point à considérer concerne la difficulté que représenterait l’intégration des systèmes et de la culture de Rona à ceux de Canadian Tire, ajoute l'analyste. À son avis, la direction de l’entreprise vaudrait peut-être mieux de travailler à défendre ses parts de marché que visent Walmart et Target.
D'autant plus qu'avec une dette accrue et une direction distraite par l'intégration du quincaillier, Canadian Tire pourrait se trouver forcée de réduire l’importance des investissements dans son réseau de magasins, risquant de la sorte d'entraîner une érosion de sa compétitivité.
L'action de Canadian Tire se négociait à 70,16$ à la fermeture le 21 août, en légère hausse de 0,18$ ou de 0,26%.
Au même moment, l'action de Rona se négociait à 13,12$, en baisse de 0,38$ ou de 2,81%.