Même si ses résultats du troisième trimestre n’ont pas été à la hauteur des attentes, Rona n’entend pas changer sa stratégie annoncée en début d’année. « On a vraiment confiance en notre plan. (…) Ça pourrait être dangereux de gérer à court terme et de perdre le focus », a indiqué le chef de la direction financière de Rona, Claude Guévin en entrevue avec lesaffaires.com.
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Ce plan, appelé « Un nouveau monde », mise notamment sur l’augmentation de la pénétration des marques privées, une meilleure connaissance des consommateurs et la bonification du programme de fidélisation RONAvantages.
Par contre, la reprise économique étant plus lente et plus faible que prévu en janvier par le détaillant de Boucherville, le président Robert Dutton a indiqué qu’il allait « prendre des mesures appropriées à court terme pour minimiser les incidences financières du ralentissement de la croissance clients sur (ses) résultats».
Concrètement, cela signifie que Rona va revoir ses processus pour améliorer son efficacité, réduire ses dépenses « un peu partout », renégocier avec ses fournisseurs et améliorer le mix de ses produits pour augmenter le chiffre d’affaires des magasins et la popularité des marques privées, a détaillé M. Guévin.
Pour couper dans les dépenses, aucune mise à pied n’est prévue : ni dans les magasins, où il importe de maintenir le niveau de service à la clientèle, ni au siège social. « Ne pas augmenter les effectifs quand on est en croissance, ça équivaut à réduire les dépenses. Le volume additionnel, on essaie de l’absorber avec le même monde », fait valoir le grand responsable des finances.
«Une bizarre d’année»
Reste que le défi est de taille dans le contexte où la confiance des consommateurs demeure fragile. D’ailleurs, l’achalandage dans les magasins affiche une baisse, particulièrement les fins de semaine alors que ce sont des rénovateurs en herbe qui franchissent les portes. Chez les professionnels et semi-professionnels, en semaine, les statistiques sont « plus stables ». Il n’a pas été possible de connaître l’ampleur de la diminution, qui fut cependant compensée par une hausse du panier moyen.
« Les gens sont sélectifs et prudents dans leurs achats. Ils font moins de projets de rénovation. Ça a été une bizarre d’année », résume M. Guévin. Il observe qu’en début d’année, alors qu’une embellie se faisait sentir, les consommateurs ont visité les quincailleries. Mais ils se sont ensuite tournés vers les voyages (au deuxième trimestre) et les véhicules (au troisième trimestre). Des comportements qui laissent le dirigeant perplexe.
En outre, Rona dit écoper du fait que les crédits d’impôt à la rénovation offerts par Québec et Ottawa ont pris fin le 31 janvier. Impossible, toutefois, de chiffrer les ventes générées par ces programmes.
Consolidation et nouveaux produits
Au cours d’une conférence téléphonique avec la douzaine d’analystes qui suivent le titre de Rona, Robert Dutton a maintes fois répété que le climat économique difficile ne lui était pas toujours défavorable. « Pour nous, la récession, ça signifie la consolidation, a-t-il lancé. Nous profiterons des occasions qui se présentent. »
« Je ne contrôle pas l’économie, mais je contrôle ma compagnie (…) et je vais obtenir des résultats », a-t-il ajouté. À cause du ralentissement économique, certains joueurs voudront quitter le secteur, ce qui représentera des occasions d’achat pour Rona qui souhaite encore et toujours consolider le marché canadien (qui compte 5000 détaillants indépendants).
Jusqu’à présent cette année, Rona a procédé à neuf acquisitions. Celles dans le secteur de la distribution sont un peu moins rentables que les autres (dans le commercial ou le détail). Par contre, le rendement sur le capital investi est le même puisque les investissements sont moindres, explique M. Guévin, précisant que toutes les acquisitions doivent « améliorer les profits de l’entreprise ».
Par ailleurs, Rona lancera bientôt de nouvelles catégories de produits. Le détaillant refuse de divulguer le moindre indice à ce sujet, à l’exception du fait qu’il s’agit notamment de produits de marques privées et de produits écologiques. « Ce sera annoncé aux marchands dans quelques semaines et par la suite, ce sera public. »