Le patron de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP) salue «le courage» des membres du conseil d’administration de Rona, qui annonçait ce matin le départ surprise de Robert Dutton.
«M. Dutton a été un excellent gestionnaire qui a su donner à Rona une envergure qu’elle n’avait jamais eue auparavant. Par contre, affirme Michel Nadeau, Il était l’heure de porter un coup de barre en changeant de dirigeant, chose que le conseil a compris et a eu le courage de faire.»
Entré chez Rona il y a 35 ans, Robert Dutton avait été nommé président et chef de la direction de l’entreprise en 1992. Pendant ce règne de vingt ans - une rareté aujourd’hui - les ventes consolidées de cette entreprise jusque là confinée au Québec, sont passés de 450M$ à plus de 4,8G$.
L’ancien haut-dirigeant de la Caisse de dépôt et placement du Québec, un actionnaire majeur de Rona, estime que le rejet de l’offre de l’américaine Lowes plus tôt cette année aura forcé le conseil à prendre une telle décision.
«Au lieu de se laisser endormir par la direction, comme c’est souvent le cas, les membres de ce conseil d’administration ont entendu les critiques et pris au sérieux leur responsabilité de produire un rendement pour les actionnaires», a déclaré M. Nadeau au cours d’un entretien avec LesAffaires.com.
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Généralement, fait-il valoir, le remplacement du dirigeant d’une entreprise entraîne une hausse de 15 à 20% de la valeur du titre. Rona pourrait bien connaître le même sort ; à peine une heure après l’ouverture des marchés ce matin, l’action de Rona avait déjà progressé de 8% à la Bourse de Toronto.
Dutton devenu bouc émissaire ?
Questionné sur le même sujet, Denis Durand, associé principal de la société montréalaise, Jarislowsky Fraser, s’inquiète du fait que Robert Dutton devienne le seul bouc-émissaire pour des décisions passées du conseil, toujours contestées.
En outre, M. Durand continue de croire que le conseil a trop tardé à rendre publique l’offre d’achat qu’elle avait reçu de Lowes. «Un conseil peut prendre 48 heures, mais quand même pas trois semaines comme il l’a fait. Les risque de coulages sont trop grands.»
Une telle décision permet souvents aux membres du conseil de faire porter le blâme sur l’ancienne direction, fait-il valoir. Le hic est lorsque le changement de leader ne réussit pas à redresser la situation. «On comprend alors que le dirigeant n’était pas en cause, mais bien davantage les orientations approuvées par le conseil.»
Depuis trois mois, l'action de Rona a chuté de 4,38$ ou de 31,90% à la Bourse de Toronto. Peu après 11h30 aujourd'hui, le titre de Rona se négociait à 9,95$, en hausse de 0,60$ ou de 6,42%.