Les détaillants québécois demandent aux consommateurs d’utiliser « leur gros bon sens » et d’accepter avec « harmonie » et « bonne foi » l’arrondissement des prix qui sera provoqué par le retrait des pièces de un cent.
« On craint que pour 2¢, des consommateurs prennent à partie les préposés. Ce sont les premiers sur la ligne de front, alors ils risquent de subir les foudres des clients. On souhaite ardemment éviter cela », a dit à lesaffaires.com le nouveau pdg du Conseil québécois du commerce de détail, Léopold Turgeon, en marge d’un point de presse sur la question.
Le risque de grogne et de mésententes s’explique par le fait que les sous noirs seront encore en circulation un bout de temps et que certains voudront les passer. Or, Ottawa n’a pas voulu règlementer la façon de présenter les prix aux clients, et donne la permission aux commerces d'accepter ou non la pièce de monnaie.
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Ainsi, tous les consommateurs qui achèteront un pain et un litre de lait au dépanneur, et qui se retrouveront avec une facture de 4,98 $, ne paieront pas forcément le même prix. Certains pourraient accepter que le client sortent ses sous et paie le montant exact. L’autre côté de la rue, son concurrent pourrait exiger 5 $ parce qu’il a choisi d’arrondir ses prix.
Le CQCD, à l’instar d’Ottawa, recommande à ses membres d’arrondir leurs prix. Mais ce n’est pas une obligation, ce que déplore la plus importante association de détaillants de la province. Une loi aurait pu mettre fin rapidement aux affrontements entre clients et commerçants.
« Il n’y a pas de règle alors je ne peux pas garantir que tous nos membres vont le faire (arrondir), mais ce sera la majorité », a soutenu Léopold Turgeon.
Allez-vous payer comptant ou pas ?
Allez-vous payer comptant ou pas ?
Tout le monde devra par ailleurs modifier ses habitudes. Plusieurs détaillants commenceront à demander systématiquement aux clients leur mode de paiement avant de leur imprimer une facture (ou une addition, dans les restaurants). Les consommateurs qui paient comptant auront droit à un solde arrondi, tandis que ceux qui paient au moyen d’une carte (crédit ou débit) auront droit au « vrai » montant.
D’après le CQCD, une partie des détaillants qui vont arrondir les prix ont ajouté une nouvelle fonction à leur système de caisse qui arrondira les soldes pour les clients qui paient comptant. Cela représente « un impact (financier) assez important, mais on n’a pas accès aux chiffres », a mentionné Léopold Turgeon.
Dans son mémoire présenté au gouvernement, le CQCD était ni pour ni contre le retrait de la pièce d’un cent. Aujourd’hui, il y est favorable. « En raison des coûts élevés que représente la manutention de la pièce d’un cent pour nos détaillants, le CQCD appuie cette décision […] Les consommateurs qui traînent des sous noirs dans leurs poches apprécieront sans doute aussi cette nouvelle ! » a déclaré le pdg qui a rencontré la presse au Centre Eaton pour faire son annonce.
À l’heure actuelle, 19 % des achats dans le secteur de l’alimentation sont payés comptant. Ce ratio grimpe à 40 % dans les dépanneurs. Dans le secteur de l’électronique, et dans les stations-services, c’est beaucoup moins, indiqué le CQCD qui n’avait pas de moyenne à divulguer.