Le plus important détaillant de vêtements au Canada, Reitmans, étudie présentement « trois ou quatre acquisitions possibles ». Les entreprises pressenties vendent toutes des vêtements pour femmes et « les dossiers sont à des stades d’évaluation différents », a confié son président Jeremy Reitmans lors d’un entretien avec LesAffaires.com.
Le dirigeant n’a pas voulu donner d’autres précisions. Il a néanmoins a convenu que Le Château était actuellement une bonne aubaine, son titre se transigeant sous la barre du 1,50 $ (capitalisation boursière de 35 M$). Jeremy Reitmans trouve cependant que les magasins de la chaîne montréalaise sont « grands » et que les vêtements y sont « chers ».
Pourrait-il s’intéresser seulement à ses 240 baux pour y installer une nouvelle enseigne de son cru ? Il fut un temps ou le dirigeant était fermé à l’idée de créer une autre marque, compte tenu des coûts et des risques importants que cela suppose. D’ailleurs, sa dernière création appelée Cassis (qui visait le marché des femmes de plus de 40 ans) a été un échec et tous les magasins ont été fermés au cours des dernières semaines. Mais aujourd’hui, Jeremy Reitmans ne ferme plus la porte à la possibilité de lancer une autre enseigne. « Tout change dans la vie », a-t-il simplement justifié, préservant le mystère.
Catalyseur de croissance recherché
Chose certaine, le groupe Reitmans a besoin de faire quelque chose pour renouer avec la croissance. L’augmentation du nombre de magasins n’est pas dans les plans. Cette année, le détaillant prévoit en effet ouvrir autant de magasins qu’il en fermera (une trentaine dans les deux cas), de sorte que le solde final demeurera stable. Le détaillant compte actuellement 925 points de vente, soit 40 de moins qu’à la même date l’an dernier.
Le bilan de l’entreprise est enviable, avec quelque 200 M$ de trésorerie. Mais depuis 5 ans, son titre est passé de 25 $ à 15 $, une baisse de 40 %. Les analystes financiers se demandent comment l’entreprise montréalaise va renverser la vapeur. « Dans un avenir rapproché, nous ne pouvons anticiper aucun catalyseur capable de faire bondir le prix de l’action », a écrit Neil Linsdell, de Versant Partners, dans une recherche destinée aux investisseurs, mercredi.
Jeremy Reitmans, qui est au service du détaillant depuis 41 ans, se montre optimiste. Il admet que l’enseigne pour jeunes filles Smart Set « a eu des problèmes de marchandisage (mauvaises couleurs, mauvais styles) et de positionnement » et qu’elle subit beaucoup de pressions concurrentielles. Mais les choses s’amélioreront bientôt grâce à l’embauche de nouvelles personnes, promet-il.
Il insiste aussi pour dire que le marchandisage et le rapport qualité/prix de toutes ses enseignes sont solides et que le problème est davantage le manque d’achalandage dans les centres commerciaux. À ce sujet, il dénonce la décision du gouvernement Harper d’augmenter les exemptions de droits de douanes pour les consommateurs qui font des achats aux États-Unis, ce qui a pour effet de nuire aux détaillants canadiens.
Première perte depuis 2003 (consultez la page suivante)
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Première perte depuis 2003
L’exercice 2012 commence plutôt mal pour le détaillant qui a divulgué mardi des résultats « très en-dessous des attentes », selon Neil Linsdell, analyste chez Versant Partners. Le chiffre d’affaires a baissé de 1 %, les ventes des magasins comparables ont reculé de 0,7% et la marge brute a diminué de 1,2 point. De plus, Reitmans a déclaré sa première perte (53 000 $) depuis le quatrième trimestre de 2003. « I don’t feel good about it, I feel lousy », a lancé Jeremy Reitmans, qui se dit surtout préoccupé par le fait que les ventes ont baissé par rapport à un trimestre qui était déjà faible.
Par contre, les ventes de mai (augmentation de 0,8 % des ventes des magasins comparables) « vont dans la bonne direction », croit-il. « C’est assez satisfaisant. Ce n’est pas un gros gain mais c’est un gain », a commenté celui dont la rémunération est passée de 1,245 M$ l’an dernier à 841 100 $ en 2012.
Reitmans possède 4 % des parts de marché au Canada, sur un total de 27 G$, et 6 % du marché du vêtement pour femmes, « un marché caractérisé par une faible croissance et une concurrence accrue des détaillants américains qui pénètrent le marché canadien », analyse Mark Petrie, expert du commerce de détail à la CIBC.
Assemblée annuelle expéditive
Fidèle à son habitude, Jeremy Reitmans a tenu une assemblée annuelle qui bat des records de vitesse et d’efficacité. Assis derrière une table recouverte d’une nappe blanche dans la cafétéria du centre de distribution de Ville Saint-Laurent, il a pris la parole à 11h02. Cinq minutes plus tard, à 11h07, il procédait à l’élection des administrateurs, à 11h11, il a rapidement résumé les plus récents résultats financiers et il a mis fin à la rencontreà 11h14 étant donné qu’il n’y avait aucune question d’actionnaires.
Seul à s’adresser à la salle, il s’est exprimé - avec le débit rapide qui le caractérise - en anglais, à l’exception des salutations d’usage effectuées en français. Une soixantaine de personnes étaient présentes dans la salle inondée d’une odeur de toasts.
À son dernier exercice clos le 28 janvier, Reitmans a réalisé un chiffre d’affaires de 1,019 G$. L’entreprise regroupe 6 enseignes pour un total de 925 magasins (364 Reitmans, 153 Smart Set, 66 RW & CO., 74 Thyme Maternité, 154 Penningtons et 114 Addition Elle)
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