En dépit de la tempête financière, le groupe français LVMH, propriétaire de marques prestigieuses comme Louis Vuitton ou Guerlain, a confirmé mardi que le luxe ne connaissait pas la crise, avec même une reprise de la consommation de ses produits au Japon.
"Le troisième trimestre confirme la tendance observée depuis le début de l'année", a souligné le géant du luxe. Autrement dit, le secteur du luxe reste sur la pente ascendante, à contre-courant des autres secteurs économiques.
Les ventes de LVMH ont progressé de 17,6% à 6,01 milliards d'euros sur cette période, pourtant marquée par de fortes secousses sur les Bourses mondiales et des craintes sur la croissance mondiale.
Sur neuf mois, elles ont augmenté de 15% à 16,30 milliards d'euros, soit mieux que les 16,11 milliards prévus par les analystes.
Le cabinet spécialisé Bain & Company, jusqu'ici prudent, vient de relever ses prévisions pour l'industrie mondiale du luxe et prévoit une progression de 10% de ses ventes cette année, à 191 milliards d'euros, contre +8% seulement auparavant, grâce à l'appétit insatiable de la Chine.
LVMH, qui détient de vénérables maisons allant de Givenchy aux parfums Christian Dior en passant par les champagnes Moët et Chandon et Dom Pérignon ou le cognac Hennessy, a aussi déjoué au troisième trimestre tous les pronostics anticipant un ralentissement de sa croissance organique.
Celle-ci est ressortie à 15%, un niveau aussi élevé qu'en 2010 (+14%), année de bénéfices records.
Le groupe affiche une santé insolente aussi bien dans les marchés matures (Europe, Etats-Unis) aux économies chancelantes que dans les zones émergentes (Asie), où la croissance se poursuit à un rythme ralenti.
Le retournement de la tendance au Japon, ex-eldorado du luxe supplanté par la Chine, est le symbole de la dynamique du groupe.
Pour la première fois depuis plus de deux ans, l'entreprise dirigée par l'homme d'affaires Bernard Arnault y fait état d'"un retour à la croissance".
D'après Bain & Company, les ventes des produits haut de gamme vont progresser de 2% cette année dans l'archipel, pourtant meurtri par le séisme de mars, alors que le cabinet tablait jusqu'ici sur un recul marqué de -5%.
Le Japon représente 8% du chiffre d'affaires de LVMH, le reste de l'Asie-Pacifique 28%, les Etats-Unis 22%, l'Europe (hors France) 20%, la France 12% et les autres marchés 10%.
Toutes les branches d'activités du groupe se portent bien à l'instar de la maroquinerie et la mode, tirée par la vache à lait Louis Vuitton. La griffe phare, qui représente 60% des profits de LVMH, affiche toujours une croissance de plus de 10% de ses ventes.
Comme à son habitude, le numéro un mondial du luxe ne verse pas dans l'euphorie. Il n'a pas donné de prévision pour le reste de l'année, se contentant d'indiquer que "l'excellente performance" réalisée depuis le début de l’année "conforte (s)a confiance (...) pour 2011".
LVMH, qui a rajouté dans son portefeuille de marques, le joaillier italien Bulgari, entend poursuivre "une stratégie offensive axée sur l’innovation et une expansion géographique ciblée dans les marchés les plus porteurs (...) pour renforcer encore en 2011 son avance sur le marché mondial du luxe".
"Nous ne pensons pas que l'environnement économique va beaucoup changer par rapport au début de l'année", a précisé le directeur financier Jean-Jacques Guiony lors d'une conférence téléphonique.
Au premier semestre, le géant du luxe avait annoncé un bond de 25% à 1,3 milliard d'euros de son bénéfice net, sur fond de ventes records.
A la Bourse de Paris, le titre LVMH reculait légèrement de 0,48% dans un marché en forte baisse en milieu de journée.