PRIMEUR - La chaîne de magasins Pentagone, en graves difficultés financières, sera vraisemblablement acquise par le détaillant de souliers Nero Bianco, a appris LesAffaires.com.
Aux prises avec des dettes de 15,8 M$, Boutique Pentagone s’est placé à l’abri de ses créanciers le 12 avril. Une quinzaine de magasins ont déjà été fermés et une dizaine d’autres subiront le même sort à la mi-juillet. Près de 100 employés sur 460 ont été congédiés dans les magasins et au siège social.
Au terme de sa restructuration judicaire, en vertu de la Loi sur les arrangements des créanciers des compagnies, l’entreprise qui appartient à Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD), devrait avoir conservé 38 points de vente sur 64.
L’offre d’achat de Nero Bianco est conditionnelle à l’acceptation par les créanciers du plan d’arrangement qui leur sera soumis. Le vote doit se tenir le 17 juillet. « Les chances que ce soit positif pour nous sont assez grandes. Je dirais qu’il y a 95 % de chances », a confié le président de Nero Bianco, Jean-Luc Transon, au cours d’un entretien téléphonique.
« Tout a été très vite, nous avons déposé notre offre le 1er juin ! » s’étonne celui qui se décrit comme un passionné du commerce de détail et qui a fait ses classes avec Aldo Bensadoun, fondateur de la chaîne d’envergure internationale Aldo.
Comptant 27 magasins dans l’est de la province et 250 employés, Nero Bianco avalerait donc une entreprise plus grande qu’elle. Une entreprise qui, de surcroit, ne vend pas le même type de marchandises. Mais cela n’effraie pas Jean-Luc Transon.
« Les employés de Pentagone sont très bons. C’est ce qui nous a allumés. Ce n’est pas parce que ça va mal qu’ils sont incompétents. Dans les magasins, ils sont incroyables. En région, ce n’est pas comme en ville où les gens changent tout le temps de boulot. Dans les Pentagone, les employés sont là depuis 15, 20 ou 25 ans. »
L’homme d’affaires n’a pas voulu préciser s’il souhaitait acheter Boutique Pentagone en tout ou en partie. Depuis 2008, 88 % des parts appartiennent à Capital régional et coopératif Desjardins. Le mouvement coopératif avait alors allongé 10 M$ pour acquérir l’entreprise. D'après nos sources, l'institution ne laissera pas tomber tomber Pentagone. « Si Desjardins ne faisait rien, dans la situation actuelle, Pentagone ne serait plus en affaires. On sauve ainsi des centaines d’emplois », affirme Nathalie Genest, porte-parole de Desjardins, qui a aussi refusé de donner des détails sur l’éventuelle transaction.
Le sauvetage d’emplois est un autre aspect qui a motivé Jean-Luc Transon. « Ce sera une grande fierté. Je vais me coucher heureux le soir, même si c’est certain que je veux faire des profits.»
Synergies
Retrouverons-nous bientôt des souliers Nero Bianco dans les Pentagone ? Jean-Luc Transon refuse de le dire, mais il souligne que l’acquisition qu’il prépare comporte « des synergies ». Notre entreprise possède des magasins partout au Québec, dans les mêmes centres commerciaux que Pentagone. »
Depuis le début mai, 11 entités avaient demandé accès aux livres de l’entreprise dans le cadre d’un processus de sollicitation de partenaires stratégiques. Les trois autres offres reçues par le contrôleur, RSM Richter, ont été jugées moins intéressantes « particulièrement en ce qui a trait aux coûts de mise en œuvre de la transaction », indiquent les documents rendus publics.
Présent au Québec depuis 38 ans, le nom Pentagone est bien établi dans plusieurs régions de la province (marchés secondaires et tertiaires ainsi qu’au Nouveau-Brunswick). L’entreprise regroupe trois enseignes, soit Pentagone, F-17 et LÖV. Pour l’exercice terminé fin janvier, les ventes ont atteint 45 M$.
Établie à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier (nord-ouest de Québec) depuis 1984, Nero Bianco appartient à son président-fondateur Jean-Luc Transon ainsi qu’à Éric Chatila, vice-président.