Target, Kohl’s, Marshalls et même Walmart seraient au nombre des détaillants américains actuellement en discussion pour acheter de nombreux magasins de la bannière Zellers.
Le Globe and Mail rapporte ce mercredi qu’Hudson’s Bay Company (HBC), propriétaire des bannières Zellers, La Baie et Home Outfitters, pourrait annoncer une entente aussi rapidement que cette semaine.
Or ce selon ce que le Journal Les Affaires avait appris en novembre, Target avance à grands pas dans son projet de déploiement au Canada, et Montréal fait partie de ses cibles prioritaires, a appris Les Affaires. Un premier magasin pourrait ouvrir dès 2014 au Canada. De quoi bouleverser le plan de match des grandes chaînes qui y sont déjà implantées.
Le deuxième plus grand détaillant aux États-Unis après Walmart a embauché la firme Northwest Atlantic Canada, de Toronto, pour identifier des emplacements potentiels en vue de construire 200 magasins. " Nous sommes très occupés à chercher, avait déclaré Tim Sanderson, le courtier chargé du dossier. Toronto et Montréal sont les premières cibles pour l'instant. "
Il précise cependant que les démarches en sont à leurs balbutiements. " Nous n'avons encore rien signé. "
Tim Sanderson confirme aussi que Target a tout récemment embauché la firme d'avocats Osler, Hoskin & Harcourt pour traiter des aspects légaux de son entrée au Canada. Le cabinet a cependant refusé de donner des détails sur son mandat. Son client américain n'a pas été plus bavard.
La difficile quête d'emplacements
Selon Northwest Atlantic, Target veut construire des commerces " flambants neufs ". Ce qui laisse entendre que l'achat de Zellers est un scénario écarté, contrairement à la rumeur en ce sens qui plane depuis des années.
Le hic, c'est que les emplacements suffisamment grands se font de plus en plus rares dans les deux principaux marchés canadiens. Target et son courtier devront donc faire preuve d'imagination.
" Nous étudions toutes sortes de possibilités, dit Tim Sanderson. Ça pourrait être des magasins autonomes, des rez-de-chaussée d'immeubles en copropriété... "
Pour Robert Emblem, courtier chez Colliers International, l'idée d'installer un grand magasin à la base d'une tour d'habitations, " c'est de la rigolade ". " Si vous avez une tour de condos qui a de l'allure, voulez-vous un Target au rez-de-chaussée ? " demande-t-il.
Pour lui, le détaillant américain fait face à un important défi. " Quand on est les derniers à entrer dans un marché, c'est toujours difficile. "
Chose certaine, Target ne se contentera pas d'emplacements secondaires. " Ces gens-là veulent créer un impact et cela a un prix ", dit Guy Charron, chef de l'exploitation pour le Québec au Fonds de placement immobilier Homburg Canada, qui possède la Place Alexis-Nihon, à Montréal, et le Centre Laval.
Les experts du secteur croient que le détaillant américain aura plus de facilité à s'installer dans les mégacentres commerciaux (power centres), où il y a encore de la place. " Des espaces de 100 000 pieds carrés et plus dans les centres commerciaux traditionnels, ça ne court pas les rues. Il faut le départ de quelqu'un, et des joueurs de cette taille, il n'y en a pas beaucoup ", dit Guy Charron.
Dans les mails situés dans des quartiers plus densément peuplés, la construction d'un magasin engendre la diminution du nombre d'espaces de stationnement, ce qui n'est pas toujours permis dans les baux ou les règlements municipaux.
Autre difficulté pour Target : les grands détaillants comme Sears, La Baie et Zellers risquent d'utiliser le droit de veto prévu à leur bail pour empêcher Target d'entrer dans les centres commerciaux qu'ils occupent. " Ça peut leur nuire fortement ", dit Guy Charron. Selon lui, c'est même " leur plus grand défi ".
La présence de Walmart dans les mégacentres du promoteur SmartCentres pourrait aussi donner du fil à retordre à Target. Selon Robert Emblem, " c'est certainement exclu " que le détaillant américain puisse s'y installer.
Posséder les terrains
Au siège social de Minneapolis, Target précise qu'aux États-Unis, 85 % de ses magasins sont construits sur des terrains qui lui appartiennent. Ses établissements sont donc rarement situés dans des centres commerciaux classiques. Ce modèle ressemble davantage à celui de Walmart, qui privilégie les mégacentres, où les commerces ont leurs propres entrées.
" Nous sommes flexibles, nuance cependant Amy Reilly, porte-parole de Target. Nous avons aussi des magasins situés dans des mails. "