PRIMEUR. McKesson Canada, distributeur de produits pharmaceutiques et propiétaire au Québec de la chaîne de pharmacies Proxim, s’apprête à lancer un nouveau réseau de cliniques médicales privées, a appris LesAffaires.com.
Ces cliniques médicales, qui ouvriront leurs portes au cours des prochaines semaines, offriraient des soins qu'on retrouve dans le réseau public de la santé de même que des services connexes qui ne sont pas couverts par la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ).
La direction de McKesson Canada a refusé de discuter du projet. «Nous ne sommes pas prêts à vous en parler. Il serait encore prématuré de le faire», a répondu à LesAffaires.com, la directrice des communications corporatives de McKesson, Danièle Dufour.
Le projet de cliniques serait avancé. «On ne parle plus de projet pilote, a confirmé une source. Il verra le jour au Québec pour ensuite s’étendre probablement ailleurs au pays.»
En plus des soins offerts par les cliniques médicales, les établissements de McKesson offriraient une vaste gamme de services paramédicaux et de médecine alternative, comme la massothérapie, la kinésithérapie, l'ostéothérapie et la physiothérapie. On y trouverait également des services infirmiers de soins à domicile, pour le suivi par exemple de patients aux prises avec des maladies chroniques.
Après une premier entretien sur le sujet, McKesson n’a jamais rappelé LesAffaires.com. L’entreprise a plutôt confié la tâche à Ryan Affaires publiques, société montréalaise spécialisée dans les relations publiques et les relations gouvernementales.
En entrevue téléphonique, son vice-président et maire de Ville Mont-Royal, Philippe Roy, n’a pas non plus nié l’existence d’un tel projet, sans pour autant pouvoir en dire davantage.
McKesson est cette même entreprise dont les pratiques commerciales font actuellement l’objet d’enquêtes par la RAMQ. La Régie s’intéresserait plus particulièrement aux dispositions d’un « programme de conformité » liant l’entreprise à des pharmaciens membres de l’enseigne Proxim ainsi qu’à des fabricants de médicaments génériques et innovateurs.
Les enquêteurs de la RAMQ cherchent à savoir si le versement prévu dans le cadre de ce programme de «rabais volume» pour les pharmaciens contrevient aux dispositions de la Loi sur l'assurance médicaments et affecte indûment le prix des produits couverts par le régime publique.
Proxim dans le coup?
Proxim, la chaîne née de la fusion de Essaim, Obonsoins et Santé Services en 2004, a refusé de préciser si les intentions de McKesson, seront associées d’une manière ou d’une autre à sa chaîne de pharmacies.
Il n’est pas rare de voir des cliniques médicales occuper le deuxième étage d’édifices occupés par une pharmacie Jean-Coutu ou Pharmaprix. Toutefois, ces cliniques ne sont pas le propriété des bannières, contrairement au projet de McKesson.
Le porte-parole de l’Association des pharmaciens propriétaires du Québec, Vincent Forcier, admet ne jamais avoir entendu parler du projet. Mais il s'interroge sur la possibilité que des pharmaciens, comme ceux de Proxim par exemple, puissent devenir actionnaires de cliniques médicales, comme un médecin ne pourrait posséder une pharmacie.
Le Collège des médecins confirme qu’un pharmacien peut devenir propriétaire de cliniques médicales, en autant que les médecins d’une telle clinique respectent l’article 72 du code de déontologie des médecins, confirme sa porte-parole, Leslie Labranche.
L’article 72 précise que: «(…) le médecin ne peut participer à une entente avec un autre professionnel de la santé selon laquelle la nature et l’ampleur des dépenses professionnelles de celui-ci peuvent influencer la qualité de son exercice.»
Au moment d’écrire ces lignes, la direction de l’Ordre des Pharmaciens du Québec n’avait pas retourné nos appels.
Peu avant 15 heures, mardi, l’action de McKesson se négociait à 103,96$US à la Bourse de New York, en hausse de 0,54$US ou de 0,52%. Depuis un an, l’action de McKesson a progressé de 20,85$US, un gain de 25,25%.
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