Pour un même produit, les Canadiens paient en moyenne 15% plus cher que leurs voisins américains de l'autre côté de la frontière, une «discrimination géographique» que le ministre canadien de l'industrie a promis mardi de combattre.
Pour mettre un terme à ces différences de prix qui existent depuis des décennies entre les deux pays voisins, le ministre de l'Industrie James Moore va accroître les pouvoirs des autorités canadiennes de la concurrence.
Un projet de loi présenté mardi va ainsi permettre au Bureau de la concurrence d'enquêter sur des cas présumés de discrimination par les prix et exposer aux consommateurs canadiens les situations où ils seraient la cible de prix plus élevés «injustes», a-t-il dit lors d'une conférence de presse.
Le Bureau pourra aussi demander des ordonnances aux tribunaux pour forcer les distributeurs ou les grossistes à présenter des preuves démontrant l'existence de pratiques discriminatoires qui ne sont pas justifiées par des coûts plus élevés au Canada, a précisé M. Moore.
Les prix des biens vendus au Canada sont, en moyenne, de 10% à 25% plus élevés qu'aux États-Unis, selon des études citées par M. Moore. Dans certains cas, l'écart varie presque du simple au double, comme pour un même flacon de cachets d'aspirine.
Cet écart s'explique surtout par l'existence de «stratégies» de fixation des prix par les fabricants en fonction du pays de distribution, selon une récente étude du Sénat canadien. Adepte du libre-marché, le gouvernement conservateur n'a toutefois pas l'intention «de réglementer les prix au Canada», a indiqué M. Moore.
Il reconnaît aussi que «les prix de certains produits vendus au Canada sont établis en fonction des coûts légitimes d'exploitation en vigueur de ce côté-ci de la frontière».
Mais dans d'autres cas, il y a, selon lui, carrément une «manipulation des prix» que ne saurait excuser l'écart actuel entre le dollar canadien et le dollar américain favorisant ce dernier. «D'autant que cet écart persiste même quand les deux devises sont à parité», a-t-il souligné.