La Confédération des syndicats nationaux (CSN) s’invite à l’assemblée des actionnaires d’Alimentation Couche-Tard, qui aura lieu le 6 septembre prochain. Par le biais de son régime de retraite, qui est actionnaire du détaillant, la CSN a déposé trois propositions, dont l’une concernant la syndicalisation, a appris LesAffaires.com en consultant la circulaire de la société.
Le régime de retraite propose que Couche-Tard se dote d’une politique «visant le respect de la liberté syndicale et du droit d’association» en vertu des conventions de l’Organisation internationale du travail. Notons que le Canada fait partie des pays signataires de la convention.
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«Les pratiques, réelles ou alléguées, d’entrave à la liberté d’association dont Alimentation Couche-Tard fait l’objet sont de nature à nuire à sa réputation et ses résultats, écrit le syndicat. Il est dans l’intérêt des actionnaires que la société affirme de façon non équivoque son respect des conventions internationales précitées.»
Le détaillant lavallois, quant à lui, recommande aux actionnaires de voter contre la proposition. La législation canadienne et québécoise protège déjà les droits cités dans la proposition de la CSN, réplique-t-on. « Il n’y a aucune raison ou intérêt à adopter une politique dont les paramètres et obligations sont prévus par la législation applicable», répond la société dans le document.
«Sans liens avec la campagne»
L’intervention du régime de retraite de la CSN à l’assemblée du détaillant lavallois n’est pas un nouveau chapitre à la campagne de syndicalisation, qui a connu de nombreux accrochages, affirme-t-on à la Fédération du commerce de la CSN.
«C’est le régime de retraite qui a fait la proposition : nous n’avons pas été consultés, dit Serge Fournier, le président de la Fédération du commerce de la CSN. Nous n’avons donc pas de commentaires à formuler sur ce dossier.» Il est normal que le régime de retraite fasse ce genre de proposition, ajoute-t-il.
Chez Couche-Tard, on n’a rien de plus à dire que ce qui est déjà inscrit à la circulaire. «Ils ont le droit de présenter cette proposition et nous n’avons pas à interpréter leurs intentions», répond sa porte-parole Denise Deveau.
Manque de femmes?
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Manque de femmes?
Le régime de retraite de la CSN a fait deux autres propositions : une demandant la rédaction d’un rapport de développement durable et une seconde visant à équilibrer le ratio homme-femme dans le conseil d’administration. Le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (Médac) a lui aussi fait une proposition visant à accroître la présence féminine sur le conseil.
Mentionnons que Mélanie Kau est la seule administratrice présente sur le conseil, qui compte dix personnes, dont six membres indépendants. Mme Kau est administratrice depuis 2006 et est présidente de «Les Intérieurs Mobilia». Aucune femme ne fait partie de la haute direction.
Couche-Tard recommande aux actionnaires de voter contre les deux propositions. La société s’engage toutefois à «faire le nécessaire» pour recruter des femmes lorsque des postes se libéreront au conseil.
Aussi, le Médac a fait quatre autres propositions, comme le mouvement le fait dans les assemblées de plusieurs sociétés. Trois concernent la rémunération des dirigeants et l’autre porte sur les actions à droit de votes multiples.
Couche-Tard a recommandé aux actionnaires de se prononcer contre toutes les propositions du Médac et de la CSN.
L’assemblée des actionnaires aura lieu le 6 septembre à 13 heures à l’Hôtel Sheraton de Laval, situé près du Carrefour Laval.
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