Le lock-out de la Ligue nationale de hockey (LNH) a été la goutte de trop pour La Capsule sportive, qui s’apprête à mettre la clef sous la porte de plus de 60% de son réseau de boutiques de la province.
Sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité depuis le 19 octobre, le détaillant québécois prévoit avoir fermé huit de ses boutiques d’ici Noël. Tant et si bien qu’une fois l’exercice terminé, La Capsule aura vu sa taille fondre de 13 boutiques actuellement à seulement cinq.
«Il n’y a rien de drôle là-dedans, explique son propriétaire, Claude Lespérance. Mais comme la moitié de nos ventes dépendent du hockey, le lock-out aura fini par avoir raison de notre rentabilité.»
L’exclusion du Club de hockey Canadien des séries éliminatoires de l’an dernier, combinée à un été exceptionnellement chaud, ont donné un dur coup aux ventes estivales du détaillant. Mais l’annulation des matchs de la LNH, résultat du lock-out qui s’étire en longueur, aura vite placé le détaillant en grave difficulté.
Plus d'1M$ de dettes
Au bord de la faillite, La Capsule sportive serait aujourd’hui au prise avec des dettes impayées de plus d’1M$, dont 400 000$ à la Banque CIBC. Les fournisseurs, dont Nike, Reebock et New Era, réclament pour leur part pour 500 000$ de créances, dont quelques 200 000$ seraient garanties. Enfin, les locateurs d’espaces commerciaux, tels Westcliff, Oxford et Ivanhoe Cambridge se partageraient l’essentiel du manque à gagner restant.
Le syndic de faillite associé au dossier, Philippe Jordan, de PriceWaterhouseCoopers, n’a pas retourné nos appels. Mais selon ce qui a été possible d’apprendre, le détaillant s’adressera au tribunal au cours des prochains jours afin de reporter à plus tard l’obligation de faire une proposition aux créanciers.
Vente d'inventaire
En attendant, La Capsule a modifié son site web afin de permettre les commandes par internet et poursuit le démantellement progressif de ses boutiques. Elle prévoit aussi l’ouverture à court terme d’un centre de liquidation dans son siège social de Laval afin de tenter d’écouler ses surplus d’inventaire.
M. Lespérance, devenu l'unique propriétaire de la chaîne au cours de l'été, a bon espoir que la vente de ces surplus d’inventaire, évalués à quelque 850 000$, permettront à l’entreprise de rembourser le maximum de dettes et ainsi, entreprendre la relance du détaillant sur des bases plus saines.
Une histoire qui se répète?
La Capsule sportive avait dû faire faillite en octobre 2010, écrasé par des dettes de 5M$. La chaîne de 18 établissements é l'époque appartenait alors à Joseph et Eddy Kazzi et à André Azzi, propriétaire de La Financière MSA, firme de conseillers financiers. Ses ventes étaient alors de 8 M$ comparativement à 4M$ l'an dernier.
Deux mois plus tard, libéré de ses dettes après avoir été forcé à a vente de ses éléments d'actifs, André Razzi relance l'entreprise à temps pour Noël. Il le fait alors aidé d'un nouvel associé, Claude Lespérance, un détaillant ayant fait carrière dans la vente de produits de quincaillerie.
Ce dernier a racheté depuis l'ensemble des parts de l'entreprise qu'il tente une fois de plus de relancer. «Si le lock-out prend fin, c'est un no brainer; nous nous relèverons, avoue Claude Lespérance, 56 ans. Mais en attendant, je peux vous dire que l'on travaille fort pour rester en vie.»
Avec Marc Gosselin