L'échec de Target au Canada est spectaculaire, avec ses 17 600 emplois perdus et ses 15,4 millions de pi2 à combler, un peu partout au Canada.
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Toutefois, avec seulement 3 milliards de dollars de ventes dans un marché de 200 G$ prévus en 2015, il ne faut pas non plus en exagérer l'importance, dit Vishal Shreedhar, analyste à la Financière Banque Nationale.
«Target Canada ne manquera à personne, parce que [dans les faits] il n'est jamais vraiment arrivé», note Terry R. Henderson, président de la division Québec et Atlantique, du consultant J.C. Williams Group.
À court terme, la fermeture de Target Canada profitera à Canadian, Tire, Loblaw/Shoppers/Joe Fresh et Jean Coutu, mais sera neutre pour Alimentation Couche-Tard, Dollarama et Rona, prévoit M. Shreedhar.
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Pour Empire/Sobeys/IGA, la perte d'un contrat d'approvisionnement d'environ 180 millions pour des aliments réfrigérés et surgelés est négligeable par rapport au chiffre d'affaires de 25 G$ de l'épicier Sobeys.
L'impact est encore plus dérisoire pour Metro qui exploitait à peine 14 pharmacies Brunet dans certains Target du Québec, indique M. Shreedhar. Target représente aussi moins de 2 % de revenus de loyers des fonds de placements immobiliers que comptait Target comme locataire : Morguard, RioCan, Cominar, H&R et First Capital.
Bataille en règle pour les 133 baux ?
L'impact mineur du court passage de Target n'empêchera pas les autres détaillants de convoiter les meilleurs des 133 sites de Target Canada.
La spéculation va bon train parmi les analystes. Les plus intéressés et les plus susceptibles de l'emporter sont Walmart Canada et Loblaw, d'autant que Target a déjà embauché Lazard pour une vente rapide. «Reste à voir si les emplacements de Target Canada peuvent être plus productifs entre d'autres mains, étant donné la mauvaise performance qu'ils ont fournie à Target et à Zellers», évoque M. Shreedhar.
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Canadian Tire, Costco, Rona, Lowe's et Michaels font partie de la liste des intéressés potentiels, mais le mastodonte Walmart est l'acquéreur le plus motivé et qui a le plus à gagner à mettre la main sur les baux de Target au Canada, affirme Perry Caicco, analyste de Marchés mondiaux CIBC.
Et si Walmart l'emportait, le petit répit dont bénéficieront les épiciers après la fermeture de Target sera de bien courte durée, prévient le meilleur analyste canadien du commerce de détail, selon le classement annuel de Branden Woods.
Walmart a le plus à offrir et le plus à gagner
Toujours très prompt à imaginer des scénarios, M. Caicco voit déjà Walmart acheter les 133 magasins de Target au Canada pour 1,6 à 2 G$. «Si Walmart l'emportait, ce ne serait une bonne nouvelle pour personne», écrit-il.
Dès 2016, la concurrence d'un colosse bénéficiant encore d'une plus grosse empreinte géographique et d'un plus grand pouvoir d'achat se fera sentir.
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La mainmise de Walmart sur Target Canada renforcerait aussi les nouvelles ambitions de Walmart dans le commerce en ligne. Certains établissements pourraient devenir des centres pour les marchandises vendues en ligne, dit aussi M. Caicco.
Le meilleur scénario financier pour Target Canada et ses créanciers est de susciter une surenchère entre Walmart et Loblaw pour ses 133 baux, selon lui.
Walmart a l'avantage dans un tel duel, puisqu'elle peut offrir plus que Loblaw, étant donné les «synergies massives» que lui apporteraient 4 G$ de revenus de plus, dont 400 M$ en l'alimentation, estime M. Caicco.
D'autant que des investissements d'à peine 150 à 200 M$ suffiraient pour convertir les magasins et les arrimer à son système d'approvisionnement, estime l'analyste de CIBC.
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«Walmart peut aussi facilement soustraire de 150 à 200 M$ des dépenses des ex-Target, simplement en fermant le siège social et en rapatriant la distribution», ajoute M. Caicco.
Michael Van Aelst, de TD Valeurs mobilières, ne croit pas du tout à une surenchère entre Walmart et Loblaw, parce que l'épicier a une dette élevée après l'achat de Shoppers et ne veut plus ajouter à ses pieds carrés.
L'analyste croit plutôt que plusieurs détaillants se partageront le lot, soit 40 à 50 baux pour Walmart, 10 à 15 pour Metro et 5 chacun pour Loblaw et Sobeys.
Son collègue chez TD, l'analyste immobilier Sam Damiani, n'exclut pas la possibilité que ces baux disponibles ravivent l'intérêt des détaillants américains Kohl's et Dick's Sporting Goods pour le marché canadien.
*133: Le meilleur scénario financier pour Target Canada et ses créanciers est de susciter une surenchère entre Walmart et Loblaw pour ses 133 baux, selon un expert.
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