La chaîne de magasins à escompte Hart (TSX:HIS) fermera au moins 12 de ses 92 établissements dans le cadre d'une restructuration judiciaire.
La Cour supérieure du Québec a accordé mardi à l'entreprise lavalloise la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
Les 12 magasins qui seront fermés ne sont pas rentables. Leur localisation n'a pas été divulguée mardi, pas plus que le nombre d'employés qui perdront leurs postes dans la foulée de cette décision. Dans sa requête présentée devant le tribunal, le détaillant a indiqué que d'autres fermetures n'étaient pas exclues.
"Une restructuration aux termes de la LACC offre à la société la meilleure occasion qui soit d'élaborer un plan d'affaires viable qui garantisse le succès de ses activités futures", a indiqué Hart dans un communiqué.
La pente que l'entreprise aura à gravir d'ici là s'annonce toutefois abrupte.
À son premier trimestre, qui a pris fin le 1er mai, Hart a essuyé une perte nette de 3,5 millions $ sur des ventes de 29,7 millions $, en recul de 15,1 pour cent par rapport à la même période de l'an dernier. Selon le détaillant, ces piètres résultats étaient surtout attribuables aux mauvaises conditions climatiques du printemps.
À la fin du premier trimestre, les emprunts effectués par Hart auprès de son principal prêteur garanti, Wells Fargo Capital Finance, atteignaient 24,3 millions $, contre 13,7 millions $ un an plus tôt. Ils dépassent aujourd'hui les 29 millions $, ce à quoi il faut ajouter des comptes fournisseurs de 23,1 millions $.
Les résultats du deuxième trimestre ne sont pas encore connus, mais selon le document déposé en cour, les ventes étaient en baisse de 16 pour cent par rapport à l'an dernier. Une nouvelle perte est attendue.
L'entreprise ne peut plus faire face à ses obligations. Elle doit verser des loyers de 1,6 million $ le 1er septembre ainsi que des salaires et avantages sociaux totalisant 1,5 million $ le 8 septembre. Or, la marge de crédit consentie par Wells Fargo, qui expire le 31 octobre, ne contient plus que 4,5 millions $.
De plus, des fournisseurs ont menacé de cesser leurs livraisons chez Hart ou ont exigé des modalités de paiement plus strictes de la part du détaillant. L'un d'entre eux a même saisi des stocks destinés à Hart.
Afin d'améliorer sa situation financière dans l'immédiat, Hart liquidera la plus grande partie de son inventaire, évalué à pas moins de 67,2 millions $ au 1er août. Les magasins qui survivront à la restructuration recevront de nouvelles marchandises.
Investissements coûteux
Les difficultés avaient commencé dès 2010. Au cours de l'exercice qui a pris fin le 29 janvier 2011, Hart a subi une perte nette de 1,7 million $ (13 cents par action) sur des ventes totales de 174,7 millions $, en baisse de 2,7 pour cent. L'année précédente, l'entreprise avait enregistré des profits nets de 1,6 million $ (huit cents par action).
Des investissements de plusieurs centaines de milliers de dollars dans des systèmes informatiques et une baisse des ventes au cours de la deuxième moitié de l'année expliquaient la dégradation des résultats annuels.
Au début juin, le président et chef de la direction du détaillant, Michael Hart, avait causé la surprise en annonçant sa démission immédiate. Il est le neveu de Harry Hart, qui a fondé l'entreprise en 1960 à Rosemère, au nord de Montréal.
Nommé le 19 août, le successeur de Michael Hart, Robert Farah, supervisera la restructuration. Ancien chef des finances de l'entreprise, il entrera en poste le 6 septembre.
Le détaillant exploite 92 magasins Hart, Bargain Giant et Géant des aubaines dans l'Est du Canada. Ils emploient actuellement 1488 personnes, dont 1349 dans les magasins, 56 à l'entrepôt et 83 au siège social.
Au moment de l'annonce de la restructuration, mardi midi, le cours de l'action de Hart s'élevait à 1,05 $ à la Bourse de Toronto, inchangé par rapport à la veille. Peu de temps après, le parquet a cependant annoncé la suspension immédiate des transactions sur le titre et la radiation probable de celui-ci.
Les actions des entreprises en restructuration judiciaire perdent généralement toute valeur.