Dumoulin a négligé ses activités de commerce de détail en concentrant ses énergies sur un autre projet aux États-Unis, admet son vice-président des ressources humaines, François Lemieux en entrevue avec Les Affaires.com. Le détaillant québécois veut maintenant miser sur sa mission principale pour relancer son entreprise.
«C’est un virage à 180 degrés, reconnaît M. Lemieux. Au cours des trois dernières années, nous avions considéré nos magasins comme des vaches à lait pour financer d’autres projets. Nous voulons maintenant recentrer nos énergies sur la division commerce de détail.»
En définitive, le projet que les magasins servaient à financer, la filiale Hotel Solutions USA, n’a pas donné les rendements espérés. La filiale lancée en 2006 avait pour mission d’équiper les établissements hôteliers de nouveaux appareils électroniques. «C’était un créneau prometteur alors que les établissements devaient remplacer leurs anciens téléviseurs par des écrans plats», raconte M. Lemieux.
Malheureusement, le projet a trébuché à deux reprises. En 2007, la crise économique a freiné les investissements de la clientèle. Après la reprise des activités, un deuxième revers a signé l’arrêt de mort de l’aventure américaine. «Le plan d’affaires était tellement une bonne idée que certains de nos fournisseurs ont décidé de travailler sans nous, raconte M. Lemieux. Je ne peux pas vous en dire plus, car ce litige est actuellement devant les tribunaux.»
Panser les plaies américaines
Dumoulin se trouve maintenant sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. La semaine dernière l’entreprise a annoncé la fermeture de six magasins corporatifs. «Ces six magasins étaient déficitaires. Ils y avaient aussi trop de concentration sur certains territoires», explique M. Lemieux.
Actuellement, Dumoulin possède 15 magasins. Aussi, 89 franchisés opèrent sous la bannière Dumoulin ou Audiotronic.
La protection contre les créanciers et la fermeture de magasin ne signifient pas une faiblesse des activités de détail pour autant, se défend M. Lemieux, qui pointe davantage vers l’aventure américaine pour expliquer la mauvaise fortune de l’entreprise. «Selon un sondage que nous avons commandé à la firme Léger Marketing, nous sommes la bannière la plus populaire dans notre secteur d’activité», affirme M. Lemieux.
«En misant, davantage sur le marché américain, nous nous sommes assis sur nos lauriers dans nos activités de détail, ajoute-t-il. Il y a eu une stagnation de la croissance des activités de détails. Nous voulons redéployer nos ressources afin de renouer avec la croissance dans notre marché local.»
En novembre, le détaillant a recruté Hugues Léger en tant que vice-président marketing. «C’est un spécialiste de l’image de marque et il va nous aider à nous repositionner», commente M. Lemieux. Dumoulin révisera également ses opérations afin de voir si elle peut faire des gains d’efficacité.
Mise à part la confiance des consommateurs qui pourraient être ébranlés, les franchisés ne sont pas touchés directement par les difficultés de Dumoulin. En vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers, Dumoulin ne peut pas renégocier ses ententes avec les franchisés tant qu’un accord n’a pas été trouvé avec ses créanciers.