Le président de Dollarama, Larry Rossy, ne craint ni l’arrivée de Target au pays, ni un risque de saturation du marché qui serait provoquée par l’ouverture d’un trop grand nombre de succursales.
Au contraire, lors d’un point de presse organisé en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires ce matin, le patron de la plus grande chaîne de magasins à petits prix (moins de 3$) au pays a expliqué vouloir continuer d’accroître le nombre de points de vente au Canada.
Au nombre de 806 magasins actuellement, M. Rossy a dit facilement imaginer que Dollarama ait d’ici cinq ou six ans entre 1 000 et 1 200 magasins au Canada, sans risque de saturation du marché ou de cannibalisation de succursales existantes.
Ce dernier ne se fixe pas, du moins officiellement, d’objectifs précis. Le rythme d’ouverture de ces futures succursales dépendra surtout des occasions qui se présenteront dans l’avenir, davantage que par une stratégie défensive d’occupation du territoire pour se protéger de la concurrence. En outre, Dollarama doit composer avec une concurrence directe de l’américaine Dollar Tree à l’extérieur du Québec.
«Vous savez, a répondu M. Rossy, il y a quatre coins de rue par intersection. On ne peut occuper tous les coins de rue, comme on ne peut empêcher la concurrence d’exister. C’est tout simplement pas possible.»
Cela dit, le contexte actuel est propice à la libération de locaux commerciaux, a admis la direction de l’entreprise québécoise. Par exemple, Dollarama a acheté plus tôt cinq baux de la société Everything for a dollar, en grave difficulté. «Nous en avons choisi 5 sur 66. C’est vous dire à quel point on ne prend pas tout, a déclaré Stéphane Gonthier, chef de l’exploitation de Dollarama.
Dollarama étudie certains emplacements occupés par des magasins en diffultés d'enseignes comme Bargain Shop, Bureau en gros, Future Shop, Best Buy et Blockbuster.
Quant à la menace que constituerait Target, Larry Rossy affirme que l'arrivée de ce nouveau joueur aura plutôt pour effet d’accroître l’achalandage et les ventes de bon nombre de ses succursales, souvent situées près d’anciens magasin Zellers. Voilà un argument qu’ont déjà servi à LesAffaires.com d’autres détaillants canadiens, dont Jeremy Reitman, de Reitmans, au cours des derniers mois.
C’est en tous cas l’expérience que Dollarama affirme avoir déjà eu ces dernières semaines, à la suite de l’ouverture de quelques magasins Target en Ontario. «Dans ces régions, nos ventes n’ont pas diminué. Bien au contraire, elles ont augmenté », a affirmé M. Rossy.
L’objectif de Dollarama au cours des prochaines années consiste à augmenter sa présence partout où il le peut. Alors que Dollarama est roi au Québec, l’entreprise a encore à faire dans les provinces de l’Ouest. Dans cette région, elle compte un magasin par 76 000 habitants, comparativement à un magasin par 34 000 habitants dans les provinces des Maritimes.
Au cours du dernier exercice financier, clos le 3 février 2013, l’entreprise a ouvert un peu plus de 80 magasins au pays. La moitié d'entre eux sont en Ontario et 30% dans les provinces de l’Ouest, a précisé Michael Ross, chef de la direction financière.
Avec 1 200 magasins au pays, Dollarama se retrouverait avec une succursale par quelque 27 000 habitants. Aux États-Unis, où les magasins sembables exploitent par contre un modèle d’affaires différent en vendant beaucoup plus d’aliments, on compterait jusqu’à un magasin par 14 000 habitants.
Pour la période de trois mois terminée le 5 mai, l'entreprise a affiché un bénéfice net de 45,6 M$ ou 0,62$ par action sur une base diluée, comparativement à un bénéfice net de 42,6 M$ ou 0,56 $ l’action pour la même période l’an dernier.
Les analystes sondés par Bloomberg visaient un bénéfice de 0,67$ l'action, ce qui a fait chuter l’action de près de 5% dès l’ouverture des marchés, ce mercredi.
Peu après 13 heures, l’action de Dollarama se négociait à 69,75$, en baisse de 2,83$, ou de 3,90%. Depuis trois mois, son titre a gagné 11,13$, une progression de 18,11%.