Immobilier commercial, commerce de détail, approvisionnement, des entreprises de différents secteurs verront leur environnement d’affaires changer par l’arrivée de Target. Le brassage de cartes touchera tant les gros joueurs comme Walmart que les petites entreprises.
N’en déplaise aux adeptes de Zellers, tous les intervenants interrogés par Lesaffaires.com s’entendent pour dire que Target fera mieux. Le détaillant américain ouvrira entre 100 et 150 magasins au Canada en 2013 et 2014 dans les anciennes installations de Zellers, de quoi faire des vagues.
Évidemment, la venue de Target change la donne dans le commerce de détail, mais elle touchera également d’autres secteurs. «C’est une bonne nouvelle pour les propriétaires de centres commerciaux où Target s’installera, estime Marie-Claude Frigon, associée du cabinet RSM Richter Chamberland. Ça va permettre de revitaliser leurs installations. C’est clair que Target attirera plus de clients.»
L’accord prévoit la cession de 220 baux, mais seulement 100 à 150 seront utilisés pour accueillir Target. Il resterait donc entre 120 et 70 installations libres. «D’autres détaillants pourraient être intéressés par ces installations», croit Mme Frigon.
Il reste encore 59 détaillants qui ne sont pas inclus dans le contrat entre la Compagnie de la Baie d’Hudson (HBC), le propriétaire de la marque Zellers, et Target. Ces installations pourraient également faire saliver des sociétés qui veulent faire une percée massive dans le marché canadien.
Pour l’instant la porte-parole d’HBC, Freda Colbourne, affirme que son employeur est «complètement engagé à maintenir la division Zellers». Reste à voir si cet engagement durera au-delà d’une prochaine offre maintenant que 78% des magasins sont mis à la disposition de Target.
Les fournisseurs canadiens et québécois de Zellers devront également s’ajuster à la nouvelle de jeudi. Certains pourraient trouver un nouveau client lucratif, d’autres pourraient voir leur chiffre d’affaires amputé. «Les produits de Target ne sont pas les mêmes, constate Mme Frigon. Les fournisseurs qui dépendaient principalement de Zellers devront revoir leur offre. Ils ont heureusement un temps de réaction puisque la nouvelle bannière sera lancée en 2013.»
Le détail
Dans le secteur du commerce de détail, c’est un retour en 1994 alors que Walmart a acquis Woolco, constate JoAnne Labrecque, professeure à HEC Montréal. Cette acquisition avait permis à Walmart de se développer rapidement au Canada, ce qui avait d’ailleurs fait mal à Zellers. C’est maintenant au tour de Target d’employer cette stratégie en utilisant le fort du vaincu pour attaquer le vainqueur.
Si Walmart est désigné comme le premier concurrent, d’autres joueurs devront s’adapter puisque l’éventail de produit offert par Target est très varié. Sans les nommer, Mme Labrecque croit que l’arrivée de Target touchera «l’ensemble des détaillants qui offre des produits semblables».
Au premier coup d’oeil, Target pourrait concurrencer des entreprises comme Canadian Tire, Rona, Métro, Loblaw Sobey’s, Shoppers Drug Mart ou Jean Coutu.
La présence de Walmart dans le secteur alimentaire exerce déjà une pression sur les chaînes d’épicier. L’arrivée de Target accroîtra cette pression d’un cran, note la professeure.
Target ne sonne toutefois par le glas de votre détaillant favori. «Il va y avoir des turbulences, mais ça peut être positif, ajoute Mme Labrecque. Les joueurs devront trouver des solutions. C’est une bonne occasion pour faire preuve d’innovation.»
Pour l’instant, on ne sait pas si les ouvertures se concentreront dans une seule région ou si elles seront réparties à travers le pays. Il est donc possible que la belle province n’accueille pas le détaillant américain.
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