Alimentation Couche-Tard a l'intention de vendre sa propre marque d’essence dans les stations-services du Québec et du reste de l'Amérique du Nord.
Lors de son assemblée annuelle, qui se tenait mardi à Laval, le géant du détail a expliqué détenir la recette d’un nouveau procédé permettant de produire un carburant capable de performance de 2% à 3% supérieure à ce qu’offrent les produits des grandes pétrolières concurrantes.
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Actuellement à l’essaie dans le nord de l'Europe sous la marque Miles, la vente de ce nouveau type de carburant ferait actuellement le bonheur des automobilistes scandinaves, selon la direction de Couche-Tard. En plus de permettre de parcourir plus de km pour un même litre d'essence, ce carburant contiendrait des additifs aux vertues nettoyantes pour la mécanique automobile.
L’objectif de Couche-Tard est d’étendre d’ici la fin de 2014 la distribution de sa nouvelle marque d'essence à la grandeur de l’Europe, pour ensuite commencer à la vendre au Canada et aux États-Unis, a expliqué le président, Alain Bouchard.
«Nous avons été chanceux», a-t-il reconnu. Couche-Tard a acquis Statoil Fuel & Retail (SFR) au moment même où une équipe de travail norvégienne était à mettre au point ce nouveau carburant, produit sous forme régulière et diesel. Couche-tard a breveté la composition de ce carburant en Europe, mais pas encore en Amérique, a reconnu Alain Bouchard.
Rappelons que l’acquisition de Statoil l’an dernier, pour 2,58 G$US, constituait la plus grande transaction de l’histoire de l’entreprise. Elle lui a permis, au terme de son exercice 2013, d’enregistrer des ventes de 35,5G$US, en hausse de 54,7% par rapport à l’année précédente. Son bénéfice net s’est accru de 25,2%, pour atteindre 573 M$US.
Au moment de la clôture de la transaction, en juin 2012, la direction de l’entreprise avait dit vouloir réaliser des économies de synergie de l’ordre de 200 M$US en trois ans. À ce jour, elle aurait réalisé des économies de 38 M$US.
Plus de prêts-à-manger
Le volume de vente que tire Couche-Tard de l'essence est beaucoup plus important en Europe qu’en Amérique. L’essence y représente 65% de ses marges brutes, comparativement à 35% pour le reste de la marchandise. En Amérique du Nord, la vente d’essence ne représente que 30% de son bénéfice brut, comparativement à 70% pour l’ensemble des autres produits.
M. Bouchard a aussi refusé de divulguer si la vente éventuelle de sa propre marque d'essence de ce côté-ci de l'Atlantique serait accompagnée de l'ouverture d'un plus grand nombre de stations-services Couche-Tard au Québec. Ce dernier a plutôt indiqué, qu'à brève échéance, les consommateurs pourraient s'attendre à une croissance marquée de l'espace consacré en magasin à la vente de produits frais, comme les sandwiches par exemple.
Devant ses actionnaires, la direction de l'entreprise a plus d'une fois vanté l'avancée des dépanneurs européens dans la vente de repas prêts-à-manger, souvent chauds. Couche-Tard, qui vend déjà des hot-dogs cuits dans certains dépanneurs du Québec, a l'intention de continuer d'exploiter ce créneau.
Les produits frais occupent environ le quart de la surface d'un dépanneur Couche-Tard type, actuellement. L'objectif est d'accroître rapidement cet espace à environ 40%, a dit M. Bouchard. L'espace autour des caisses a également été revu afin d'accroître les achats compulsifs, des produits aux marges réputées plus élevées que la moyenne.
Pire que Power
L'assemblée a été ponctuées de plusieurs propositions (toutes rejetées) et critiques d'actionnaires, souvent activistes, mécontents de la façon dont sont tenues les assemblée de l'entreprise, ou sur le silence de la direction aux questions relatives aux tentatives de syndicalisation de certains dépanneurs.
Représentant le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (Médac), Willie Gagnon, a déclaré que Couche-Tard pouvait maintenant se targuer d'être «la pire» de la province en matière de transparence et de gouvernance. «Avant c'était Power Corporation,a-t-il dit à Les Affaires. Aujourd'hui, on peut dire que c'est devenue Alimentation Couche-Tard.»
Enfin, à la sortie de l'hôtel Sheraton où se tenait l'assemblée à Laval, le syndicat de la CSN a tenu un point de presse afin de rappeler aux actionnaires et journalistes son combat pour la syndicalisation des dépanneurs Couche-Tard au Québec. Actuellement, la centrale a réussi à syndiquer huit dépanneurs. Du nombre, deux ont depuis été fermés par la direction.
La centrale demande, entre autres, une plus grande protection contre le vol pour les travailleurs, plus de support en cas d'attaque, et l'implantation d'une échelle salariale menant à un taux horaire de 12,80$.
À la Bourse de Toronto, l'action de Couche-Tard a reculé de 2,39%, ou 1,56$, à 63,77$. Depuis le début de 2013, son titre a progressé de 14,84$, ou de 30,33%.